Que l’on soit d’accord ou pas avec François-Xavier Bellamy, un homme qui apporte clarté et intelligence dans le débat public, cela nous change vraiment.
A voir le déferlement de haine qu’il s’attire, notre démocratie va vraiment mal. Traiter cet homme de «populiste», en faire un «crypto-fasciste» ou le peindre en «nationaliste raciste»… Tout cela montre à quel point la bassesse et le manque de contenu de ses adversaires, qu’ils soient LREM, de son camp ou de la gauche, est révélateur de ce qui tue la politique : le sentiment que tout peut être manipulé et sali selon les intérêts électoraux immédiats éloigne la plupart de nos représentants de tout rapport à la vérité. L’exagération et le lancement d’anathèmes se sont substitués au débat. Il faut disqualifier l’adversaire plutôt qu’accepter de l’affronter loyalement. Le mensonge prime sur l’affrontement d’idées faisant une passage une victime essentielle : le sens de l’action et la confiance dans la parole publique.
Dans le cas de François-Xavier Bellamy, ils sont déchaînés. Il faut croire que l’intelligence et le calme font peur en politique…
Espérons que les partisans de l’anathème et les lanceurs de fatwas que sont devenus la plupart de nos représentants politiques le laissent s’exprimer car avec lui le débat pourrait quitter la caricature moraliste pour permettre de discuter de vrais enjeux.
Comme je sais que l’on va revenir immédiatement sur la question de l’IVG, je vais répondre tout de suite que la position de François-Xavier Bellamy ne me choque pas.
Personnellement je ne suis pas « pour l’avortement », je suis « pour le droit à l’avortement » et la nuance est de taille.
Un avortement est toujours une souffrance, Simone Veil l’avait rappelé au moment où elle est montée à la tribune défendre sa loi et en soi ce n’est pas un acte positif. C’est un droit et un choix, pas une valeur en soi.
Ensuite à ce que je sache, être opposé à l’avortement n’est pas un crime. C’est une opinion. Ce qui est un crime, c’est de menacer les médecins et de s’enchainer aux portes des salles d’opération par exemple ou de manipuler une personne en état de faiblesse. Pour le reste, que des croyants aient un souci avec cette question est plutôt logique eu égard à leurs convictions.
Quant à François-Xavier Bellamy, il avait dès le depart parlé de conviction personnelle et d’absence de remise en cause de la loi sur le droit à l’IVG. Et là est l’essentiel, c’est même tout le sens de la séparation public/privé. Nos convictions privées n’ont pas toutes vocation à être reconnue par la loi. Pour autant si nous devons respecter la loi, on peut à titre personnel ne pas en partager tous les présupposés. Refuser cette liberté d’expression et d’opinion est à proprement parler totalitaire. Refuser d’entendre la façon très claire dont la tête de liste LR affirme ne pas vouloir revenir sur ce droit, aussi. Car autant je peux entendre qu’il ait une opinion sur cette question, autant je serai vent debout s’il envisageait de le remettre en cause. Quant au chiffre de 200 000 avortements annuels (stable depuis des années), il interroge effectivement à l’heure où l’accès à la contraception est assez simple. Se demander comment le faire baisser n’est pas indécent.
En attendant, François-Xavier Bellamy se fait violemment attaquer par tout ce qui se reveille féministe surtout quand il s’agit d’aller donner des baffes à ses adversaires politiques, mais qui n’ont rien à dire quand les droits des femmes sont bien plus concrètement remis en cause dans certains quartiers ou qui se sont toujours tus alors que tous les ans à l’occasion de la discussion au parlement sur le financement de la sécurité sociale, des amendements tentent de remettre en cause ce droit et pour le coup de manière effective. Mais là on n’a pas droit à la grande scène de l’acte II, curieusement.
Bref avec M.Bellamy, je ne crois pas que nous ayons grand-chose à craindre, d’autant que cette histoire d’IVG a été sortie des limbes pour diaboliser un homme qu’il était difficile de combattre loyalement avec les armes de la raison. Elle n’est pas une revendication ni de la personne, ni du mouvement politique concerné. De surcroît, en ce qui concerne le droit des femmes, la parade amoureuse du Président de la République et du ministre Castaner avec leurs interlocuteurs frères musulmans et le risque réel de voir l’Islam de France tomber dans l’escarcelle de ces islamistes est bien plus inquiétant. Mais dénoncer ce fait et le combattre n’apporte rien politiquement et ne permet pas de faire carrière, autant faire semblant de se porter au secours d’un droit que cet homme n’attaque même pas.