News Press : Quelles raisons vous ont poussé à entrer en politique ?
Céline Pina : Ma famille avait des opinions politiques mais n’était pas engagée. Mes grands-parents étaient des gens modestes, mais ils étaient conscients que leurs enfants bénéficieraient des chances d’élévation qui leur avaient défaut. Ils n’avaient pas un discours de victimes, mais la volonté de s’intégrer à la société et de s’élever dans l’échelle sociale. Mes parents ont réalisé ce programme. Mon père est devenu dentiste des mines. Homme juste et bienveillant, c’est un humaniste, très attaché à des principes de rectitude morale, du droit de chacun à participer au débat, à l’égalité des filles, à l’école laïque, bref, des principes qui sont à l’unisson des valeurs de la République. Pour lui un homme, ça s’empêche de céder à ses instinct. Devenir un véritable être humain, c’est tout un travail à faire sur soi. Pour soi et pour les autres. Ma mère, professeur de dessin est une artiste dans l’âme. Elle est notre part de sensibilité et de fantaisie. Elle est celle qui devine quand mon père est celui qui analyse… Ils m’ont transmis les valeurs qui fondent ma vision du monde et qui sont un socle pour penser l’action politique.
Mon engagement personnel résulte sans doute de cette éducation « républicaine ». Il puise aussi dans mes études en sciences politiques et dans le grand choc que fut pour moi la découverte de la Shoah, dans mes cours d’histoire de 3ème, en ce qu’elle me confrontait à la part de monstruosité et de violence pure en l’homme, mais surtout au fait que cette part de monstruosité pouvait être institutionnalisé et devenir le mode de gouvernance d’un Etat, et ne pas être seulement « confinée » à la folie individuelle… Si je m’engage plus tard en politique, à gauche c’est que je fais de l’émancipation et de la justice sociale, le coeur de mon engagement. Les principes de laïcité, d’égalité notamment femme/homme, la préservation du socle de nos libertés et de notre solidarité et l’attention portée aux populations les plus défavorisés était alors un marqueur de la gauche. Après avoir réussi mon diplôme de sciences politique et mon DEA d’administration publique à l’IEP de Grenoble, je pars à Paris faire un DESS de gestion des collectivités locales puis décide de préparer l’ENA. En parallèle d’une préparation où je passe plus de temps à militer qu’à travailler sérieusement, je participe à la campagne législative de 1997 en soutenant un candidat dans le Val d’Oise. Le maire de Pontoise me propose alors d’intégrer son cabinet, puis alors que la politique de la ville prend son essor, j’y participe d’abord en tant que membre du cabinet, puis en tant que chargée de mission.
Après avoir travaillé, soit en cabinet, soit dans l’administration, au sein de diverses collectivités locales, j’ai été durant 7 ans assistante parlementaire au Sénat, puis actuellement à l’Assemblée nationale jusqu’à fin janvier 2016. Après avoir milité durant presque 20 ans, j’ai été élue pour la première fois en 2008, en tant qu’adjointe au maire de Jouy le Moutier, puis conseillère régionale et suppléante à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui je n’ai plus de mandat, et mon envie de retrouver ma liberté de parole fait qu’il devient compliqué de travailler dans le milieu politique, je dois réinventer ma vie et mes engagements, mais je crois que la réinvention générale est au programme, si on ne veut pas aller dans le mur. Je suis donc en phase avec mon époque et mon pays.
L’identité féminine est, selon vous, mise en sourdine voire combattue dans certains quartiers. Qu’en est-il du droit de ces femmes dans notre République ?
Dans certains quartiers, particulièrement ceux où les salafistes sont bien installés, les femmes sont soumises à la domination masculine. Elles sont dans un système de représentation où la femme n’est pas l’égale de l’homme, mais sa propriété et elles doivent témoigner de leur soumission à l’ordre masculin et patriarcal en se voilant, en acceptant de disparaître des espaces publics. Car y compris dans ma ville, à Cergy, les voiles sont de plus en plus de grands linceuls sombres qui recouvrent tout le corps. Et le choix de ces amples linceuls n’est pas neutre. Visibles, provocantes, les femmes voilées sont un marqueur visuel : il montre qui tient le quartier et donc à qui il faut faire allégeance si on est habitant et passer marché si on est politique.
Mais le voile est surtout le premier moyen d’imposer un ordre social où la femme est subalterne parce que naturellement inférieure et ontologiquement impure. Il permet le contrôle social sur la condition féminine. C’est la loi du plus fort, de la toute-puissance masculine. Pour elles, il n’y a pas d’échappatoire. Le voile n’est pas un accessoire vestimentaire, il a une signification précise et des conséquences non moins lourdes : il témoigne de l’impudeur de la femme et la réduit à son sexe, objet de désir et source de désordre. Mais il est aussi l’accessoire identitaire de la revendication islamiste. Tout le discours débile sur le retournement du stigmate qui vise à dire : « tu trouves ma condition humiliante, mais si je la revendique comme une fierté, alors je me libère » est le summum de l’aliénation. On ne se libère pas en remettant la clé de sa prison à ses bourreaux de son plein gré. En s’identifiant à ce qui amoindrit, soumet, humilie, en l’intégrant à son identité jusqu’à en faire une revendication, on renforce encore le piège de l’aliénation en y ajoutant le conflit de loyauté. Car alors, enlever le voile ne revient pas seulement à choisir l’affirmation de soi contre l’assignation à résidence dans une identité liée au groupe, mais à trahir sa communauté et donc à humilier sa famille… Et trahir la communauté, c’est offenser la religion, qui en est le liant et offenser Dieu…
Autrement dit en voulant s’échapper de son environnement familial, la femme rompt l’harmonie de la famille, de la communauté et donc de la religion. La liberté de la femme devient un blasphème, une offense à Dieu.
Dès lors toute violence peut s’exercer contre elle puisqu’elle se met elle-même à l’écart, en marge de la communauté. Et pour les rebelles, le chemin est escarpé et risqué. Ce qui me permet de le dire ce sont tous les témoignages que j’ai reçu d’adolescentes, de jeunes femmes mais aussi de mère de famille essayant de lutter contre cet ordre masculin établi, cette oppression de tous les instants.
Les femmes, dans ces quartiers, ont pourtant deux choix en théorie. Celui de la tradition la plus obscurantiste, celle des salafistes, et celui de la modernité que leur apporte la société française. Mais alors que salafistes et frères musulmans sont présents dans les quartiers via les associations d’aide aux devoirs, les associations pour la réussite des jeunes ou la mosquée, et qu’ils diffusent une idéologie islamiste qui cible clairement la République, les droits des femmes et la laïcité ; il n’y a personne pour porter la parole de l’émancipation et faire aimer cet humanisme et cette universalité sur lesquels reposent nos principes et idéaux. Et quand elles voient des politiques, c’est bras dessus, bras dessous avec les leaders qui les invitent à la soumission, notamment au moment de l’Aïd ou lors des inaugurations de mosquée.
Sans liberté ni possibilité d’émancipation, certains quartiers sont un terreau de souffrances. Et c’est aussi particulièrement délicat pour les jeunes femmes qui se construisent.
Il leur est refusé le droit à une identité féminine à part entière, puisqu’elles ne sont pas des êtres agissants, mais des objets d’opprobre. Or on ne peut pas se construire dans un rapport au corps marqué par la honte, le rejet, l’avilissement. Notre corps est notre première façon d’être au monde. Comment grandir et se construire si le lieu où habite notre conscience, notre corps de femme, est en soi une souillure.
Simone de Beauvoir écrivait : « on ne naît pas femme, on le devient ». Nous, les femmes, avons combattu pour notre liberté, pour nos droits. Celui de travailler, d’être pleinement citoyenne, de vivre avec les mêmes droits que les hommes. Ces droits sont encore fragiles. Etre femme est un combat.
Les succès de ce combat sont récents. Il a fallu attendre 1962 pour qu’une femme ait le droit de travailler sans l’autorisation de son mari par exemple ; or en refusant tout débat sur la signification politique de la recrudescence du port du voile sur certains territoires, en refusant de voir que s’en prendre aux femmes est une stratégie qui permet de mesurer notre conscience du danger islamiste et notre capacité à réaffirmer nos principes fondateurs, en acceptant que l’égalité femme/homme soit remise en cause symboliquement, en laissant sans réagir des imams fanatisés interdire aux femmes de sortir sans l’autorisation de leur mari, justifier la violence conjugale, en appeler au viol des femmes non voilées et justifier le viol conjugal… nous acceptons chez nous, dans notre république laïque et sur notre territoire, que soient légitimées les violences faites aux femmes. Car plus que les violences des prêches des imams de Brest, Villepinte ou d’ailleurs, c’est le silence des politiques devant des propos scandaleux qui interpelle et fait froid dans le dos.
Il y a des territoires largement sous la coupe des islamistes, qui dictent leur loi et des territoires où les mêmes signaux sont émergents. Doit-on attendre que cela soit bien visible partout et que l’emprise des islamistes sur les mentalités soit devenue inexpugnable pour espérer une réaction des élus locaux ?
En novembre 2015, le journal Marie-Claire vous citait : « On ne pourra plus traiter d’islamophobes ceux qui dénoncent les islamistes ». Vous soutenez que les politiques jouent leur jeu en les encourageant. Quelles en sont les raisons ?
L’électoralisme. Nous n’avons plus guère de politiques aujourd’hui, les militants ont déserté massivement et il ne reste souvent dans les partis qu’une majorité d’apparatchiks. Des personnes pour qui « faire », « agir » n’est pas la question. Eux, ils veulent être. Ils ne sont plus porteurs d’un idéal qui les dépasse, mais d’un plan de carrière qui les anime. Et si ceux qui sont en place vous déçoivent, n’en appelez pas trop au renouvellement, ceux qui ont grandi dans cette atmosphère viciée sont parfois encore pires.
Faute de pensée, de débats, de réflexion, nos élus ne sont plus porteurs d’un projet collectif qui fait sens, ils en sont réduits à répondre à la demande et certains finissent par perdre le sens de l’intérêt général pour se consacrer au service de leur clientèle. Or quand l’abstention est massive et que les citoyens désertent le champ du politique, le contrôle d’un petit nombre de voix peut faire la différence et permet d’inscrire un pouvoir dans la durée.
Or, quoi de mieux qu’une population sous l’emprise d’un discours identitaire pour se constituer un matelas de voix mobilisable ? Le communautarisme est ainsi le meilleur ami du clientélisme et le pire ennemi de la citoyenneté.
Côté islamistes, ce mode de fonctionnement des politiques faisait pendant à une stratégie de noyautage qui a commencé par les associations pour s’attaquer aux syndicats puis aux partis. Le noyautage renforce et encourage la dérive clientéliste, la sollicite même. Dans le même temps, elle infuse à l’intérieur de ces institutions, une idéologie qui les conduit à devenir des soutiens de l’islamisme, pas dans sa version Etat Islamique, sanglante et apocalyptique, mais dans sa version salafiste et frère musulman, obscurantiste et contraignante… Dans ce vaste mouvement de faux-semblant, on aboutit à des absurdités. Ainsi, le service civique est vu comme une réponse à une jeunesse déboussolée. Et l’idée n’est pas mauvaise de renouer avec la république, la nation et la citoyenneté par ce biais. Mais quand on se penche concrètement sur opérateurs, il se trouve que l’un des principaux, la ligue de l’Enseignement, est tellement noyauté par les idées de Tariq Ramadan, qu’elle a fêté son cent cinquantième anniversaire avec l’European Muslim Network, le think-tank de ce représentant d’un islamisme radical…
A un moment, on est obligé de se poser la question de la complaisance de ce monde politique qui met la République et la laïcité à toutes les sauces et continue ses petits arrangements entre amis sur les territoires.
En 2015, je dénonçais le Salon de la femme musulmane qui s’est tenu à Pontoise. Y ont prêché des fondamentalistes musulmans qui appartiennent à un courant obscurantiste et sectaire de l’Islam. Or, alors que les prêches disponibles sur Internet étaient choquant et dégradant, tous les politiques sur le territoire se sont tus. Officiellement pour ne pas stigmatiser les musulmans ou ne pas faire le jeu du FN.
Or, ce qui est stigmatisant pour les musulmans, c’est d’être associé à ces prêcheurs et ce qui est effrayant pour toute une population, c’est de voir dans le silence des politiques, le refus de défendre ce que nous sommes et qui a été attaqué les 7, 8, 9 janvier et le 13 novembres 2015.
Toujours est-il qu’à cette occasion, nos grands élus se sont tus et si l’attention s’est concentrée sur ma parole, c’est parce que les autres ont refusé de prendre le risque de dénoncer ce genre de manifestation, en pleine Régionales, alors que les stratégies de la Droite comme de la Gauche, ciblaient le vote musulman…
Ils ont donc laissé les femmes en première ligne face à ceux qui attentent à leurs libertés. Sur les vidéos disponibles sur internet, on entend que « si la femme sort sans honneur (sans voile), qu’elle ne s’étonne pas que les hommes abusent de cette femme-là » et « la femme (…) ne sort de chez elle que par la permission de son mari » ou encore la promesse d’un « châtiment atroce » aux femmes « coquettes et parfumées ».
Et même face à un appel au viol manifeste, le seul discours des politiques c’est : on ne peut pas agir.
Pourtant dans une de ces vidéos, on voit l’inénarrable imam de Brest expliquer à des enfants qu’écouter de la musique transforme en singe. Il anime une session de son école coranique. Or il existe des lois sur la protection de l’enfance et là tous les indicateurs sont au rouge. Cependant, l’école coranique n’est pas fermée et l’imam continue de s’y pavaner… Est-ce un problème juridique qui nous bloque ou l’absence de volonté politique qui nous fait accepter ce genre d’atteinte à notre société ?
En procédant de cette manière, nous légitimons les discours et les pressions des islamistes. Ils se sentent donc en position de force : aux autres musulmans, ils montrent qui a de l’influence et du pouvoir et donc sous quelle bannière il faut se ranger si on veut peser ou plus prosaïquement ne pas avoir d’ennuis ; à tous,
ils démontrent l’absence de courage des politiques et font passer le message inconscient que face à cette force islamiste en marche, la classe politique s’est déjà débandée.
Ils jouent aussi sournoisement avec le discours de victimisation que tient aux jeunes des quartiers la classe politique, en particulier à gauche. En effet, la gauche, en installant les jeunes des quartiers dans une logique et un discours de victimisation, en leur faisant intégrer qu’ils n’avaient pas d’avenir parce qu’ils seraient toujours victime de racisme, les a empêché de se saisir des outils éducatifs et sociaux qui existaient. Il ne s’agit pas de nier que pour eux cela allait être plus difficiles que pour de nombreux autres, bien sûr que la stigmatisation existe. Mais plus difficile, ne signifie pas impossible. Or les réduire à un statut de victime et les enfermer dans cette représentation là, c’est nourrir la frustration et justifier la violence. Pas étonnant que ce discours victimaire soit repris en coeur par les islamistes, il les met en position d’échec et leur fournit un prêt-à-penser qui les empêche de se confronter à leur part d’initiative et de responsabilité. Du pain blanc pour les islamistes, qui s’érigent alors en protecteur de ces communautés de délaissé, leur offre une tribune politique pour exprimer leur révolte et une oumma fantasmée où se projeter.
Le plus triste c’est que ces petits jeux ont éloigné les citoyens du politique. L’ampleur de l’abstention, la montée en puissance des votes blancs témoigne de la colère et du dégoût de la majorité d’une population. Et quand celle-ci vote, c’est pour faire barrage. Même chez ceux qui votent, le vote d’adhésion et de soutien ne cesse de diminuer…
Pourtant, lors la manifestation du 11 janvier, qui a suivi les attentats de Charlie, nous avons vu un peuple debout, qui avait lui-même choisi ses mots d’ordre et qui n’a pas attendu les politiques pour se mobiliser. Ce peuple s’est levé au nom de la cohésion nationale, pour refuser l’obscurantisme et en appeler à la République. Il a parlé mais n’a guère été entendu…
La puissance publique a-t’elle abandonné la République ? Et les femmes ?
Certains territoires sont abandonnés. Sur ces territoires, les femmes se retrouvent en première ligne, mais aussi les musulmans laïcs (qui acceptent que la loi de la république passe avant les obligations religieuses). Quel choc pour ceux qui ont fui les FIS en Algérie, ou les mollah en Iran, qui sont venus en France pour échapper à la violence et l’obscurantisme et qui voient débarquer les islamistes au pied de leur immeuble…
Dans les écoles, les professeurs sont souvent bien seuls face aux élèves pour répondre à des discours qui ne sont pas marqués au coin de la spiritualité et de la théologie, même dans sa version nuque raide, mais qui charrient des théories complotistes où la religion n’est pas une quête mais le moyen de refuser de réfléchir et de fermer la bouche à toute critique et à toute opposition. Les jeunes qui ne sont pas Charlie, ont souvent tenus des discours du même niveau que ceux des imams du salon de Pontoise et ont des attitudes violemment sexistes, antisémites et complotistes. En adossant cette forme de bêtise à un discours religieux, ils voient les adultes trembler et reculer. Nous l’avons vu notamment dans l’après-Charlie, mais demandez donc aux professeurs sur certains territoires s’il est encore possible d’enseigner l’histoire de la Shoah ?
La gauche ne se rend pas compte qu’en laissant faire, voire en cultivant le déni au nom du « padamalgame », elle favorise une inversion des valeurs. L’histoire politique de notre pays est faite d’une conquête progressive de l’égalité des droits. Mais ces droits sont liés à notre citoyenneté, ils nous sont donnés individuellement et non en lien avec une appartenance communautaire autre que la nation ou en tant que membres d’un groupe.
Nos droits ne sauraient être différents en fonction de notre sexe, de notre appartenance confessionnelle, de notre ethnie, de nos pratiques sexuelles… Or, en acceptant la revendication sur le voile et en refusant de pointer sa signification par peur de froisser, le gouvernement accepte que l’asservissement de la femme soit une question ouverte en France ; il accepte que certains puissent symboliquement réclamer une différence de droit et de statut en fonction de l’appartenance à un sexe. C’est cela le véritable problème que pose le voile et c’est pour cela qu’il n’est pas un simple accessoire vestimentaire. Son port est un crachat au visage de toutes les femmes libres et émancipées. En laissant cette revendication politique s’installer dans le paysage sans la combattre, au moins politiquement, nos représentants fragilisent ainsi un demi-siècle d’avancées de la condition féminine. En d’autre terme, ils font passer un message clair aux femmes qui souffrent en silence : « Nous ne nous battrons pas pour vos libertés. Entre vous laisser sous le joug de la tradition et vous faire partager notre émancipation, nous avons choisi : on vous abandonne ». Il faut écouter ce que disent les femmes sans voile d’Aubervilliers, celles de l’association Egales ou celles de la Brigade des Mères. Elles ont tant de choses à raconter et d’exemples à donner !
Au terme de ce drôle de processus, ce sont les femmes et les musulmans qui recherchent l’intégration qui sont les victimes collatérales du clientélisme. Or les élus sont des repères, ils sont censés incarner l’esprit d’un pays et son élan vers l’avenir. En marginalisant ceux qui jouent le jeu, pour servir la soupe à ceux dont le projet de société est clairement la ruine du nôtre, on envoie un signal négatif qui ne donne pas envie de faire des efforts d’intégration dans une société qui semble ne plus savoir où elle va, ni avec qui. Or c’est faux. Notre société a choisi. Elle est laïque et républicaine, mais elle est niée par toute une classe politique dont la déconnexion d’avec la réalité est délétère.
Autres réflexions sur la campagne et les incidents de Cologne Votre point de vue ?
Cela montre que les problèmes que nous connaissons sur notre territoire ne sont pas circonscrits à la France et touchent l’Europe dans son ensemble. Des agressions sexuelles en masse se sont produites la nuit du Nouvel an à Cologne et dans 3 ou 4 autres villes d’Allemagne, mais aussi en Suisse et en Scandinavie. Le nombre d’agressions (plus de 600 plaintes déposées à Cologne), le mode opératoire très organisés, la similarité des faits, le choix de la date ainsi que d’autres indices ont amené les autorités à se demander si ces actions n’étaient pas coordonnées. Autre point déterminant, le fait que des réfugiés soient présents en nombre dans les premières arrestations.
Cela a suscité une réaction politique, ou plutôt une volonté politique d’étouffer l’affaire, qui aujourd’hui illustre parfaitement les dangers du déni.
L’accueil des réfugiés a été imposé par la culpabilisation et l’émotion ; non par un acte politique raisonné qui eut tenu compte à la fois de l’impératif humanitaire mais aussi des problèmes que peuvent poser l’accueil en masse d’hommes jeunes, venant d’une culture où la femme n’est pas l’égale de l’homme, mais sa propriété et de pays en guerre, où le viol est une arme et la femme un butin.
Si on avait traité rationnellement cette question, on aurait pu travailler sur un véritable accompagnement, donner toute sa place à la partie éducative, bref rédiger un contrat d’accueil clair qui poserait des obligations pour les nouveaux arrivants et leur fournirait la grille de lecture des lois du pays qui les accueille. Accessoirement, on aurait peut-être pris en compte la possibilité d’une infiltration par des activistes islamistes déterminés, pour qui la masse même des réfugiés envoyés en Europe est déjà un facteur de déstabilisation et leur instrumentalisation, une arme destinée à alimenter l’idée d’une cinquième colonne et à susciter un rejet violent.
La très mauvaise gestion de ces incidents par les autorités politiques : déni ; puis négation du fait que les agressions aient pu être commis par des réfugiés, alors même qu’aucun agresseur n’avait été arrêté ; pour finalement reconnaître que nombre de réfugiés était en cause, ne peut être qu’effrayant pour la population. Les évènements de Cologne, en libérant la parole, ont montré que des faits similaires s’étaient déroulés ailleurs et avaient été tu par crainte de la réaction populaire. Le problème c’est que cette stratégie a ajouté le cynisme à l’humiliation : elle a montré aux femmes à quelle point leurs droits étaient bafouables, quand il s’agit de protéger le politiquement correct, mais surtout la couardise de leurs élus dès lors qu’ils sont confrontés aux actions politiques des islamistes. Or ce qui s’est passé en Allemagne et ailleurs montre des scènes qui semblent appartenir à un autre temps. Cette violence de masse, ces rues qui redeviennent des espaces sauvages envoient un message terrible. Nous n’apportons pas l’apaisement à des hommes épuisés par la guerre, ils amènent chez nous la violence et les pulsions qui ont détruit leurs villes et leurs pays.
Bien sûr, la réalité est plus complexe et la grande majorité des réfugiés accueillis à Cologne n’est pas partie prenante de ces actes et les déplore. Il n’empêche, ce genre de scène semble jaillir, pour nous occidentaux, d’un passé que l’on croyait révolu, d’une barbarie que l’on pensait éradiquée.
Et pourtant, le déni de nos politiques est d’autant plus inquiétant que cette technique de harcèlement des femmes, des intellectuelles algériennes, égyptiennes, tunisiennes… nous en ont parlé. L’exemple de la place Tahrir est éclairant, il s’agit de renvoyer les femmes hors de la sphère publique, de les remettre à leur place et de leur signifier que la liberté pour une femme se paye au prix de son intégrité physique. Il y a derrière cette violence une stratégie politique et l’affirmation d’une vision du monde et de la société. De nombreux musulmans ont vu les mêmes faits se dérouler chez eux, ils nous en ont décrit les mécanismes. Mais nous sommes sourds et aveugles à ces dérangeantes réalités…
A cette occasion, les peuples ont vu des politiques moins soucieux de la protection de leurs citoyens, que prêt à tout pour ne pas perdre la face. Ils ont vu des politiques nier la vérité et balayer d’un revers de main la souffrance des femmes, parce que par idéologie ils avaient décidés que les réfugiés, parce que victimes de guerre, ne pouvaient être que des innocents…
Cette abyssale bêtise est consternante, mais elle est surtout dangereuse. Il faut savoir mettre la frontière au bon endroit : assumer le fait que certains réfugiés puissent être des activistes ou simplement des salauds et accepter de faire le tri. Passer des contrats clairs avec les autres et surtout valoriser et éduquer les femmes à leurs droits et les hommes, à leurs devoirs. Et enfin reprendre la parole : dire ce qui est autorisé ou non dans un pays, ne pas avoir peur d’affirmer nos principes et de demander à ceux que nous accueillons de les accepter. Soyons intransigeant sur l’égalité femme/homme et nous commencerons alors vraiment à lutter contre l’islamisme.
Entre les deux tours des élections régionales, nous avons vu Claude Bartolone utiliser des moyens douteux pour emporter l’Ile de France, s’alliant, lors d’un meeting politique à Saint-Denis, à des personnages peu recommandables et se référant à Tariq Ramadan dont on connaît les sympathies pour les Frères Musulmans et qui a contesté l’état d’urgence appliqué en France après les terribles attentats.
Il en a payé le prix. Sur le papier, à l’issue du 2ème tour, il aurait dû gagner. Il se trouve qu’aujourd’hui une partie des électeurs assument le vote blanc et quand il n’y a pas de danger FN, comme c’était le cas en Ile- de-France, ils n’hésitent pas à ne pas voter si aucune liste n’est clairement laïque et républicaine. En Ile-de-France, les listes étaient gangrenées par le clientélisme et la médiocrité, mais surtout n’étaient pas claires sur leurs orientations politiques. Mais je ne souhaite pas l’accabler, car aujourd’hui, le manque de discernement est général.
Il n’y a qu’à voir les politiques de Seine Saint Denis, littéralement lécher les bottes de l’Union des Associations Musulmanes du 93, alors que sur la première page du site, l’UAM promeut la mise en place en France d’une loi sur le blasphème… Pas très Charlie, mais sans doute rémunérateur en voix que ce passage obligé. D’ailleurs l’association est tellement sûre de son emprise sur les politiques, qu’elle se permet de mettre en ligne un article ainsi titré : suite à un tweet « islamophobe » de la directrice de la politique de la Ville, l’UAM 93 la fait convoquer par le Maire. Bruno Beschizza, le maire d’Aulnay se laisse donc dicter sa conduite par des responsables communautaires ? Et ceux-ci l’ont affiché sur leur site, l’article a même été diffusé par quelques mosquées. Par cette formulation, l’association veut montrer qu’elle fait danser les politiques comme ses marionnettes. Peu importe la véracité des affirmations, elles sont suffisamment crédibles pour produire l’effet désiré : montrer qui a le lien avec le pouvoir, qui manipule, donc à qui la communauté doit se soumettre et quelles prescriptions elle doit suivre…
Le plus drôle est que le fameux tweet incriminé manifestait une opposition au port du voile au nom de la défense de l’égalité femme/homme, ce qui n’a rien de raciste. Et des exemples comme celui-là, il y en a à foison.
Et puis dans cette histoire, la question à se poser est : est-ce que cette défaite a éveillé les consciences et éclairé nos dirigeants, les incitant à retrouver la voie du courage, des convictions, à reprendre le flambeau de la promesse républicaine ?
J’aurais souhaité pouvoir vous répondre oui, mais à droite comme à gauche, je ne vois que des tacticiens entièrement voués aux manoeuvres de la prochaine élection et qui oublient, une fois encore, une fois de plus, une fois de trop, de nous parler de nous, de la France et notre destin commun.
Le problème c’est si les islamistes font de la politique et sapent les fondamentaux de notre société ; d’autres sont encore plus près du pouvoir et l’attitude ambigüe de nos responsables politiques face aux islamistes est en train de leur bâtir une rampe de lancement sans égale : il s’agit du FN.