« La République nous rassemble, elle nous grandit. Menacée, elle nous appelle ! »

Le contresens fautif de François Fillon

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dessin de Joann Sfar

Espérons que ce n’est pas l’inconscient qui parle quand François Fillon ose dire : « On a combattu la volonté des Juifs de vivre dans une communauté qui ne respectait pas toutes les règle de la république française« , car ce qu’il sous-entend est non seulement faux, mais choquant.

S’il souhaite ainsi faire référence à la citation du Comte de Clermont-Tonnerre qui déclara sous la Révolution française : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens. », il exhibe juste son inculture : les juifs avaient alors en France un statut dérogatoire, ils n’etaient pas des Français comme les autres, non parce qu’ils le revendiquaient mais parce qu’on leur refusait leur appartenance au royaume d’abord, à la Nation ensuite. Ils vivaient l’exclusion. À la différence des islamistes, ils n’étaient pas prosélytes et aspiraient à l’intégration. C’est la France qui la refusait alors. Fillon fait donc un contre-sens historique lourd…

Le Grand rabbin, Haïm Korsia a ainsi été forcé de rappeler « l’attachement des Français de confession juive à la France et ses valeurs, comme leur souci d’intégration à la société française. » Il a souligné que « le communautarisme juif qui a pu exister jadis n’était en rien le fait ou le choix des citoyens de confession juive, mais la conséquence de la non-acceptation par la société française d’alors de leurs semblables« .

Rappelons aussi que le samedi et les jours de fête, dans les synagogues, la prière se termine toujours par hommage à la République française. Cela fait partie du rituel…

Plutôt que de se ridiculiser d’aussi déplaisante manière, François Fillon ferait mieux de s’interroger sur l’impossibilité pour les enfants de confession juive d’aller à l’école de la République dans certains territoires car il y sont attaqués et pas protégés. Dans le même ordre d’idée, il ferait mieux de se pencher sur une alya interne qui conduit certains citoyens de confessions juives à déménager de certaines villes pour ne plus subir brimades et humiliations au quotidien… C’est cela que la République doit combattre et c’est en n’agissant pas sur ce type de phénomène que certains représentants se déshonorent…

Enfin si Fillon veut montrer qu’il fait la distinction entre islamistes et musulmans, s’il veut être clair sur le fait que si les uns doivent être combattus, les autres ont toutes leur place au sein de notre Nation, s’il veut transposer la phrase du Comte de Clermont Tonnerre à la situation des Français de confession musulmane, alors ce n’est pas en « tapant » sur les juifs qu’il fera passer ce message mais en étant intransigeant dans son combat contre les islamistes et en faisant vivre la République au quotidien et pour tous.