Le dernier débat des Primaires ne devrait guère faire bouger les lignes mais montre qu’il existe bien deux gauches irréconciliables.
D’un côté une gauche laïque et républicaine mais qui pâtit d’un positionnement économique qui n’offre guère de perspective, de l’autre une gauche volontariste au point de nier le réel et qui cède aux accommodements avec les islamistes et tient un discours ambigus sur la laïcité, que plébiscite d’ailleurs Marwan Muhammad, le militant de l’Islam politique qui dirige le CCIF.
À la fin du processus, je ne vois que l’éclatement et la mort du PS.
Hamon sera probablement son Corbyn et condamnera ce parti à la marginalisation et les sociaux démocrates lucides devraient le quitter en masse, d’abord parce que nul n’est obligé de couler avec le bateau, ensuite parce que le terrorisme et le travail de déstabilisation de la société que mènent les islamistes impliquent que soient distingués leurs alliés objectifs et leurs réels adversaires, que la gauche républicaine s’affirme et porte haut l’égalité femmes/hommes et la laïcité.
Combattre tous les obscurantismes et intégrisme est une évidence. Mais il y a une différence de nature entre des militants d’un totalitarisme islamiste, qui ont un objectif impérialiste de destruction des sociétés ouvertes et émancipées pour imposer la charia partout dans le monde et des réactionnaires qui surfent sur la vague pour s’en prendre à l’avortement ou au mariage homosexuel.
D’abord parce que dans le second cas les intégristes cathos ne pratiquent pas l’assassinat de masse, ensuite parce qu’ils sont dénoncés et combattus, d’autant plus facilement qu’il n’y a pas de représailles alors que s’en prendre aux islamistes vous met en danger. Enfin parce que ces intégristes ne donnent pas le ton et que leur discours et vision du monde ne sont pas devenus le fond d’écran de la représentation du monde des français d’obédience chrétienne, là où l’emprise des frères musulmans et salafistes ne cesse de grandir et d’imposer ses codes au-delà de son cercle.
La dérive ambiguë du PS sur ces questions est une indignité et justifie la rupture et le départ de ceux qui choisissent l’intérêt général et celui de leur pays avant leurs appartenances personnelles et l’intérêt du parti. Tout comme le refus de prendre en compte le réel pour proposer des politiques certes volontaristes mais aussi possibles à mettre en œuvre, justifie le départ des authentiques réformistes.
Cela n’empêche pas que la gauche républicaine travaille à sortir d’un discours libéral délétère et à courte vue pour proposer une autre vision de ce que pourrait être la société du travail, combattre réellement la financiarisation de l’économie, véritable ennemie de la production et de l’investissement et n’oublie pas sa quête de justice sociale car les temps qui s’annoncent seront durs pour les plus faibles d’entre nous et il est du rôle de l’Etat de les protéger et de leur offrir des perspectives plutôt que des jeux du cirque et du pain subventionné.
L’histoire va s’écrire ailleurs qu’au PS qui termine un cycle. Que la clarification idéologique en cours fasse que nombre de députés, d’élus ou de militants, en cas de victoire de l’un ou l’autre candidat, quitte le parti est une bonne chose. Ce n’est ni une trahison, ni un drame, ni un reniement. C’est d’avoir trop longtemps caché la réalité et la profondeur des divisions qui a tué ce parti.
Il existe cependant un vrai risque que les républicains de gauche ne soient pas représentés lors de cette élection présidentielle qui s’annonce pleine de rebondissement. Il est sans doute temps qu’ils songent à créer leur propre mouvement politique.