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Marlène Schiappa, imbue de son pouvoir, à peine arrivée 

Tribunes

Marlène Schiappa est une victime. Du mâle blanc dominateur, qui parce qu’il est homme et qu’elle est femme, se permet de lui demander des comptes.

Celui-ci s’est incarné cette fois-ci en la personne d’Alain Finkielkraut, coupable de lui avoir remis en mémoire des sottises qu’elle a pourtant écrites, notamment dans une lettre ouverte à Manuel Valls, parue dans le Huffington Post. Pour avoir rappelé ces simples faits, le philosophe a reçu une cinglante missive, où la Secrétaire d’Etat, sur papier à en-tête de la République, l’attaque sur ce qu’il est, endosse une posture de martyre et accuse son interlocuteur d’être un menteur dépourvu de rigueur intellectuelle.

Le problème, c’est que l’histoire que cette dame scénarise dans sa fort méprisante lettre n’existe pas : elle n’est pas une pauvre nymphette sans défense poursuivie par la vindicte du grand méchant macho, mais la secrétaire d’Etat au droit des femmes. Autrement dit une femme au plus haut degré de la chaîne alimentaire politique, une personne de pouvoir avec tous les avantages et la puissance que cela induit. On ne joue pas ici le match entre le grand académicien qui écrase de son mépris une Marlène Schiappa coupable de n’être qu’une femme, on assiste au contraire à un rapport démocratique normal où une personne à qui on confie les plus hauts grades du pouvoir se fait interpeller par un intellectuel engagé. Si Marlène Schiappa ne l’accepte pas et fait de toute interpellation une offense personnelle, si elle use de sa qualité de ministre pour régler ses comptes personnels en s’en prenant à une personne de la société civile qui n’a pas les moyens qu’elle possède, alors elle ne devrait peut-être pas exercer de fonction officielle.

Billet paru dans Le Figaro Magazine du 2 juin