« Nous ne sommes pas condamnés à manger des briques parce que nos dirigeants vont dans le mur »

Quand les démocraties dansent au-dessus du volcan islamiste

Articles

C’est une vision d’horreur que cet homme au volant d’une voiture, fauchant des piétons sur un pont, poignardant un policier en essayant d’entrer au Parlement, pour être abattu, au terme d’un parcours de carnage, au coeur d’un des lieux emblématiques du pouvoir et de la démocratie britannique, le quartier de Westminster à Londres.

Ce mode opératoire, qui rappelle celui de Nice et Berlin, conforme aux instructions de l’Etat islamique, nous renvoie à la montée de cette idéologie politico-religieuse en Europe et à son cortège de cadavres, de torture, de violence et de haine. Mais surtout, la récurrence de ces passage à l’acte, leur folie meurtrière nous renvoie à nos peurs primitives : pour les militants de l’idéologie islamiste, nous ne sommes plus des hommes, juste des proies. Nos morts sont leurs trophées et à la hauteur des piles de cadavres accumulés, ils mesurent leur puissance et leur gloire.

Mais si avoir peur est rationnel, au vu de la nature du totalitarisme que nous affrontons, c’est le sentiment d’abandon que nous ressentons après chaque attentat qui devient véritablement destructeur.  Pour peu qu’une fois de plus, face à cette violence, la plupart de nos politiques, médias et intellectuels choisissent de refuser de la nommer et de dire qui nous attaque et pourquoi  ; pour peu qu’une fois encore ils n’en tirent aucune conclusion et ne prennent pas conscience que ce qui déclenche autant de passage à l’acte est lié à une propagande idéologique active dont les frères musulmans et salafistes sont les meilleurs agents  ; pour peu qu’une fois encore ils nient la pénétration de cette idéologie au cœur de nombre de quartiers difficiles et son entrisme au sein des partis, syndicats, associations, entreprises, alors nous continuerons de souffrir davantage de ne pas être défendus que d’être attaqués. Nous continuerons à souffrir davantage de l’incapacité de nos représentants à défendre ce que nous sommes, faute de le comprendre, de le ressentir et de l’aimer, que de la haine que nous inspirons aux laquais de l’obscurantisme et de la soumission.

On ne peut empêcher l’Etat islamique de choisir l’Occident et l’Europe pour ennemi, mais on peut et on doit exiger de ceux qui nous représentent de prendre la mesure du totalitarisme que nous affrontons, de l’horreur de ses méthodes et de la folie qu’il y a à croire qu’en cédant à ses revendications et en pratiquant des « accommodements raisonnables », nous serons épargnés.

Il n’y a pas plus complaisant que les britanniques qui communiquent sur l’autorisation du port de la Burqa chez les forces de police après avoir accepté le hijab et dont le multiculturalisme s’accommode des idéologies et des pratiques séparatistes. Cela ne les aura pas protégés pour autant… La lâcheté face au totalitarisme ne paie pas, le XXème siècle nous l’a pourtant appris au prix de millions de morts.

Alors je suis déjà découragée à l’idée des « voitures folles », « des loups solitaires » et « autres déséquilibrés », des « pas d’amalgames »… qui vont fleurir dans nos journaux. En prime, chez nous en France on devrait encore avoir droit à la mise en accusation de ce que nous sommes, car selon nos islamisto-complaisants, si les islamistes jihadistes nous tuent, c’est que nous l’avons quand-même mérité, parce que nous sommes laïques, que notre société est raciste et notre Etat, colonialiste. On vient d’ailleurs de supporter une soi-disant marche pour la dignité ce 19 mars qui faisait la part belle aux indigènes de la république et autres soutiens des islamistes, pour mettre en accusation l’Etat et la société française. Une date du 19 mars qui ne doit rien au hasard et permet de célébrer discrètement l’antisémitisme, en organisant cette manifestation le jour anniversaire des massacres de Mohamed Merah à l’école Ozar Hatorah et de rappeler « la victoire des musulmans contre les Français qui a permis leur expulsion », comme l’a expliqué naïvement à une amie venue prendre la température du rassemblement, un militant proche du PIR.

Il est certes difficilement supportable de voir ces gens qui ne valent pas mieux que l’extrême-droite avoir leur rond de serviette dans nombre d’émissions du service public, alors que leur racisme et leur violence n’ont rien à envier à celles des hommes de main du FN, mais un extrémiste s’il est révélateur des névroses d’une société, ne saurait la représenter. Non, ce qui est véritablement préoccupant c’est l’absence de prise de conscience de l’ampleur de ce que nous affrontons par ceux à qui nous déléguons notre part de souveraineté, nos représentants politiques.

Le grand débat de la Présidentielle nous l’a encore démontré :  nous avons eu droit lundi soir à un débat où le sentiment de décalage entre le peuple et ceux qui aspirent à le représenter était à son comble.

Nous avons changé de monde, ils n’ont pas quitté leurs salons. Nous avons changé d’époque, ils semblent n’appartenir à aucun contexte. Nous nous demandons comment vivrons nos enfants dans ce monde violent qui vient, ils semblent détachés de ces angoisses-là. Or nous n’avons pas seulement peur que nos enfants vivent moins bien que nous, nous craignons qu’ils ne connaissent la guerre, la violence et l’arbitraire. Et si nous le craignons autant c’est que lorsqu’on est lucide sur les enjeux, que l’on regarde les candidats, que l’on se dit que l’on n’a pas le choix, qu’il va falloir compter sur eux, et bien on a le sentiment de foncer droit dans le mur. Ils ressemblent à ces films où l’on voit des généraux se gobergeant derrière la ligne de front dans un château accueillant, tandis que sous la mitraille, soldats et sous-officiers font le travail et y perdent leur vie. Ou encore à ces récits d’horreur où les échanges mondains entre les protagonistes ne sont là que pour faire contraste avec la brutalité qui ne va pas tarder à se déchaîner. Ainsi tandis que nos conditions de vie se durcissent et que derrière les quinquennat de vaches maigres que nous venons de passer, se profile un quinquennat de vaches squelettiques, nos candidats continuent de parler boutiques, statistiques, techniques de vente et théories, comparent leurs programmes comme les épiciers détaillent leurs prix.

En trois heures de débat, lundi, jamais je n’ai eu le sentiment que ces 5 candidats étaient dans le réel, je me demandais si je vivais dans la France dont ils parlaient et si j’avais rêvé Charlie, Paris, Nice, tellement cela ne semblait pas être dans leur environnement mental. Or si Londres nous a rappelé que la lutte que nous avons à mener contre le totalitarisme sera longue, cette élection présidentielle nous montre, entre déni et instrumentalisation de l’islamisme, que la prise de conscience républicaine n’a pas encore eu lieu chez nos élites.

Pourtant on ne s’habitue jamais à la barbarie, même quand on vit avec. Et c’est tant mieux.

On le doit au moins à ces personnes qui sont mortes parce que, pour ces terroristes, elles ne sont même plus des êtres humains, mais juste des moyens de répandre la terreur. Par respect pour tous ceux qui sont tombés et tomberont encore, qu’au moins ceux qui aspirent à nous représenter regardent en face les temps que nous affrontons, posent leurs perruques poudrées et relèvent leurs manches au lieu de se regarder le nombril. Qu’ils cessent de sacrifier l’intérêt général à leurs intérêts électoraux, en allant draguer une clientèle, qu’ils présentent comme musulmane alors qu’elle appartient à la mouvance islamiste, pratiquant ainsi les amalgames qu’ils disent officiellement combattre. Et qu’ils arrêtent avec leurs discours dignes de l’élection de Miss France. Car nous n’aurons la paix que si nous assumons la plus belle part de notre histoire : le goût de la liberté, l’égalité des droits, la laïcité, le refus de la soumission aux dogmes, l’origine de la souveraineté dans le pouvoir créateur de l’homme. Et ces éléments de base qui fondent notre république et notre démocratie ne sont pas à la carte, ni optionnels, ils sont les conditions de l’intégration de chacun à la Nation et ne sont pas négociables.

Si nous ne faisons pas respecter ces choix qui fondent notre société actuelle, alors nous risquons d’avoir un jour à revivre ce qu’un autre totalitarisme, le nazisme, aurait dû nous apprendre : quand on ne combat pas la barbarie par le verbe, le sens, l’histoire, l’opprobre, la loi et la sanction, ce sont les armes à la main qu’il nous faudra à la fin défendre nos libertés et ce seront nos enfants qui paieront le prix de nos lâchetés.

Cet article est également paru dans le Figarovox le 23 mars 2017