Noël célèbre le solstice d’hiver. Le retour du soleil invaincu, la victoire de la lumière sur les ténèbres. Le soulagement atavique de l’être humain qui, après s’être demandé si l’obscurité n’allait pas s’emparer du monde, voit les jours s’allonger à nouveau et l’espoir du printemps revenir.
Voilà pourquoi frapper une communauté dans ses moments de rassemblement, de célébration et d’union est particulièrement cruel et violent, car cela réveille, en plus du traumatisme du présent, les peurs enfouies au cœur de l’humanité. Peur que la lumière ne disparaisse définitivement, que les ténèbres nous engloutissent, que l’inhumanité fasse de nous moins que des bêtes…
En provoquant un tel carnage dans un marché de Noël, l’islamiste armé d’un camion est allé au plus simple: s’en prendre à un moment qui appelle à la paix et à la concorde entre les hommes, agresser un symbole lié à une autre religion, montrer qu’il ne respecte rien et que cela fait sa force et celle de son idéologie.
On a pu constater alors que l’annonce du retour de la lumière est aussi celle qui marque l’arrivée de l’hiver, l’espoir du renouveau et l’inexorable mort sont ainsi indissolublement liés. C’est le paradoxe du solstice et une métaphore de la condition humaine: ni invincible printemps, ni éternel hiver.
Mais pour qu’il y ait victoire, il faut bien qu’il y ait eu menace. Pour qu’il y ait lumière, il faut bien qu’il y ait eu aussi ténèbre. Toute fête a sa part d’ombre, son revers de tragédie, sa doublure de drame. L’attentat du marché de Noël nous rappelle que l’histoire est tragique et que la trève n’est hélas pas de droit.