« Il nous faut choisir à présent la fermeté et l’affirmation. »

Deux poids, deux mesures.

Tribunes

Eric Zemmour a commis une erreur factuelle sur les attentats du Bataclan, ceux-ci ne sont pas liés aux migrants syriens mais bien à la radicalisation islamiste sur notre sol et en Belgique. Son discours est d’autant plus dommageable qu’il y a de quoi attaquer François Hollande à propos de sa pusillanimité dans la lutte contre l’islamisme comme de son incapacité à faire face à la crise des migrants ou à traiter la question de l’immigration. En respectant les faits, on peut effectivement pointer la responsabilité de nos politiques et de François Hollande, en tant que président, dans le fait d’avoir laissé une idéologie faire son marché en France, dans le fait de lui avoir constitué un maillage d’influence en finançant la construction de mosquées sur des deniers publics, dans le fait d’avoir subventionné des associations liées aux frères musulmans notamment et d’avoir pratiqué un clientélisme éhonté. Il y a là largement de quoi s’indigner et mettre en accusation le pouvoir socialiste.En préférant instrumentaliser la tragédie du Bataclan au mépris d’une exigence de rigueur et de respect des faits, Eric Zemmour a effectivement commis une faute. Il a peut-être même contribué à ce que la question légitime qu’il pose sur le contrôle des migrants soit enterrée pour avoir voulu faire un coup de communication déplacé.

Il n’en reste pas moins que l’explosion d’indignation et la surenchère de paroles définitives chez ceux qui réagissent laissent aussi mal à l’aise. D’abord parce que contrairement à ceux qui saluent « l’absence de récupération des commémorations du 13 novembre », je trouve personnellement assez gênant que les politiques se soient montrés d’une discrétion de violette sur ces massacres. Je ne suis pas sûre que ce soit du respect, il me semble plutôt qu’il y a là une volonté de mettre la question de l’islamisme, du jihadisme d’atmosphère et du refus d’intégration sous le tapis, car elles ne servent pas la petite musique du gentil progressisme opposé au grand vilain fascisme que l’on essaie de nous resservir comme enjeu dramatique de la présidentielle qui se profile.

D’autre part je suis gênée par tous ces gens qui savent que taper sur Eric Zemmour n’est pas coûteux et permet de s’offrir un frisson de vertu sans se mettre en danger mais qui ont parfois plus de mal à être clairs face aux discours des islamogauchistes ou des racialistes. Eux peuvent dire les pires horreurs sans susciter de telles levées de boucliers, ils peuvent s’afficher antiracistes tout en professant le racisme le plus abject, celui qui fait de la couleur de peau, l’identité indépassable de la personne ou féministes alors que leur seul objectif est de promouvoir le port du voile sous l’influence de l’islam politique.

C’est surtout que la violence du langage utilisé à l’encontre d’Eric Zemmour contraste avec la complaisance avec laquelle a été traitée une provocation bien plus choquante à l’encontre des victimes du Bataclan. Je me rappelle ainsi du rappeur Médine, qui voulait en 2018 chanter son album Jihad dans cette salle. Le titre de l’album, le sabre sur le visuel, l’esthétique très islamiste, tout concourrait à faire de ce concert une insulte à la mémoire des victimes, d’autant que l’homme a des liens avec des officines islamistes. Et bien curieusement, là, les associations de victimes avaient eu un langage très mesuré, n’avaient pas évoqué une quelconque « profanation de sépulture », voire dans le cas de Life for Paris, l’association avait même défendue la liberté de programmation du Bataclan. Pourtant sur ce coup-là, la provocation et le mépris des victimes étaient totale.Il peut paraître étonnant de voir la modération de la communication des associations de victimes dans le cas de Médine quand on la compare à la virulence de leurs propos dans le cas d’Eric Zemmour.

Je me rappelle aussi du défilé organisé sous l’influence d’officines proches des Frères musulmans, où Marwan Muhammad fit crier « Allah Akbar » à côté du Bataclan. Un défilé que toute une partie de la gauche a cautionné par sa présence et sur lequel trop de personnes qui s’indignent bruyamment aujourd’hui ont gardé un silence qui interroge, là où sur Eric Zemmour elles rivalisent de termes infamants. Pendant ce temps, à Rennes comme à Bagnolet, sous couvert de lutte contre les discriminations ou d’écologie, les proches des islamistes installent leurs pions avec l’aide des municipalités et cela ne fait réagir personne. Pendant ce temps l’entrisme des associations proche de l’islam politique se fait de plus en plus visible en Europe, mais là, pareil, on n’entend pas les professionnels de l’indignation, ceux-ci ne semblent se réveiller que lorsqu’ils peuvent hurler à l’extrême-droite.

Il serait donc intéressant de voir si Rachel Garrido, pilier de la LFI et proche de Jean-Luc Mélenchon, suscite aussi des propos indignés. Elle tient pourtant un discours encore plus choquant puisqu’elle, elle fait du procès des massacres du 13 novembre, un processus de « réconciliation avec les terroristes ». Ne révélant là que l’inconscient des islamogauchistes, pour qui les terroristes sont des alliés objectifs puisqu’en déstabilisant la République et en faisant monter le vote aux extrêmes, ils alimentent son rêve de révolution.

J’aimerai qu’à l’occasion de cette présidentielle, on puisse sortir de la stratégie de diabolisation des candidats qui dérangent.Il parait possible de le faire, ceux-ci sont suffisamment provocateurs et font suffisamment d’erreurs pour que l’on puisse les contester sur le fond, particulièrement Eric Zemmour dont les outrances sont en train de freiner la dynamique, car elles finissent par rendre inaudibles les paroles qu’il avait contribué à libérer à juste titre. Mais non, c’est à nouveau à coups de qualificatifs outranciers, en surjouant l’indignation que l’on essaie d’éliminer certains candidats au nom de la morale. Le problème c’est que celle-ci foudroyant les uns et ignorant les autres est plus proche de l’arbitraire que de la justice, c’est aussi pour cela qu’elle fonctionne de moins en moins.