« L’égalité face à la loi est au cœur de l’esprit laïque car cette égalité est reconnaissance de notre humanité commune. »

Ni Dieu, ni traitre, juste veule : Quand Jean-Louis Bianco dévoie l’Observatoire de la laïcité.

Tribunes

Si vous étiez en charge de faire rayonner la laïcité et que l’on vous invitait dans un colloque qui réunit parmi ses organisateurs la fine fleur des réseaux islamistes, songeriez-vous à y participer  ? Quand dans ce même colloque, les participants sont pour la plupart des militants indigénistes ou des proches des Frères musulmans, jusqu’à accueillir un fiché S notoire, laisseriez-vous votre nom figurer dans le programme  ? Quand le titre du colloque met en avant le concept fumeux d’islamophobie pour faire de la confession une appartenance quasi raciale, lui apporteriez-vous la caution de votre institution  ? Et bien à chacune de ces questions, Jean-Louis Bianco, Président de l’Observatoire de la laïcité, a répondu : Oui. Cet homme qui ne cesse de trahir sa mission, continue pourtant d’abimer la laïcité à nos frais et symbolise bien la continuité sur cette question entre le président Hollande et le président Macron.

A l’université Lyon 2 se tiendra, ce 14 octobre 2017, un de ces colloques dont les indigénistes du PIR (Parti des indigènes de la République) et les islamistes, version Frères musulmans ont le secret. Intitulé « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité  ?  », les ateliers ciblent la laïcité, « l’islamophobie d’État », l’intolérance au religieux.

Participants et organisateurs : nébuleuse islamiste et indigéniste, caution universitaire

Parmi les organisateurs, on retrouve entre autres des professionnels de l’entrisme islamiste et de la déstabilisation, liés aux Frères musulmans : c’est le cas du CCIF (Collectif contre l’Islamophobie), l’EMF (Étudiants Musulmans de France), CRI (Coordination contre le racisme et l’islamophobie). Quant à l’association PSM « Participation et spiritualité musulmane », également annoncée comme présente à ce colloque, elle s’est illustrée pour avoir employé un recruteur de jihadistes à Lunel, lequel a été inquiété en 2015 pour avoir envoyé 20 jeunes français en Syrie   ! 

Parmi les participants, on identifie rapidement l’habituel alibi universitaire des islamistes : François Burgat, très proche de Tariq Ramadan. Il a soutenu le FIS en Algérie, niant l’usage massif de la violence par les islamistes au mépris de toute réalité et a vanté les mérites du régime iranien. L’homme se tient souvent aux côtés de l’UOIF, le parti des Frères musulmans, quand il s’agit de témoigner dans le cadre du jihad judiciaire. On y trouve également les habituels étudiants inscrits en doctorat se faisant passer pour des experts reconnus ou des enseignants dont les travaux ne brillent ni par l’abondance, ni par le rayonnement, ni par la qualité scientifique.

Plus grave. Sont mis en avant des personnages comme Abdelaziz Chaambi, ancien dirigeant des Indigènes de la République Lyon, fondateur des éditions Tawhid (qui publient la propagande des Frères musulmans) et qui est accessoirement fiché S. Ajoutons à la fête, Jamila Farah, responsable de la CRI, laquelle milite contre la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, veut rétablir le blasphème et dont l’association à laquelle elle appartient se glorifie d’être proche des frères Ramadan et d’Hassan Iquioussen. Elle s’est présentée aux législatives sous l’étiquette du Parti Egalité Justice, antenne française du parti islamiste du président turc Erdogan. Lequel PEJ revendique un moratoire sur la laïcité, l’interdiction du blasphème, le voile à l’école, la lutte contre le libertinage qui caractériserait la société française et défend le communautarisme. Penchons-nous aussi sur le délicieux Souhail Chichah, enseignant lui aussi à Lyon 2, partisan de la censure quand ce n’est pas lui qui a la parole. Il n’a pas hésité à faire le coup de poing afin d’empêcher Caroline Fourest de tenir une conférence au sein de l’Université Libre de Bruxelles, université dans laquelle il était professeur ! Bien sûr, cela ne s’invente pas, dans le cadre du colloque, il intervient pour se plaindre de l’intolérance que subit le religieux. Finissons avec Ismahane Chouder, membre du parti islamiste marocain Al Adl Wal Ihsane, cette militante pro-voile est une des porte-paroles de la marche de la Dignité, qui rassemblait les racistes d’extrême gauche autour de l’appel à « la lutte des races » :  elle prône la non mixité et le séparatisme. Et c’est à cet aéropage que le Président de l’Observatoire de la laïcité associe son nom. Cautionnant ainsi le fait qu’en France on peut être une tête de pont de l’obscurantisme, anti-laïque, sexiste, voire même être fiché S et avoir les honneurs de l’académie, la reconnaissance des médias, du monde politique et de la haute fonction publique.

Drôle de colloque, drôles d’intervenants et drôles d’ateliers

Le texte d’introduction de présentation de ce colloque est un bel exemple de la bouillie de chat que produit le double langage. On y apprend que l’assassinat des journalistes de Charlie et les vagues d’attentats que nous avons connus n’ont eu qu’une seule conséquence : l’explosion de « l’islamophobie » Or c’est faux. Les agressions furent plutôt marginales. On y parle d’unir la recherche académique et le militantisme pour les droits humains  ; mais, dans les faits ne sont réunis ce que l’on fait de mieux comme personnalités issues de mouvements racistes et sexistes, diffusant une propagande et une vision du monde violente et totalitaire. Et, le plus choquant demeure encore qu’ils ne trouveront pas de contradicteurs en face d’eux. Tous les intervenants iront dans le même sens.

En ouverture de ce colloque sur l’islamophobie, le premier atelier pose la question de la laïcité dans notre République. On pourrait s’interroger sur le rapport direct ainsi créé entre laïcité et islamophobie, mais pour tous ceux qui connaissent l’idéologie des Indigènes de la République et des Frères musulmans, on est là au cœur de la doctrine : éliminer la laïcité ou en invoquer la forme pour mieux la trahir sur le fond et en faire la société protectrice des religions, alors qu’elle leur est indifférente (elle ne les reconnaît pas, elle en protège le libre exercice, ce qui est bien différent) et qu’elle est un outil d’émancipation de l’individu et de la société, pas une loi de concorde.

Deuxième atelier : Peut-on parler d’islamophobie d’État  ? 

Là on se pince. Nous sommes censés être en présence également d’universitaires pour qui les concepts ont un sens. Or le racisme d’État a une définition précise : il crée des sociétés d’apartheid où la différence des droits selon que vous soyez dominant ou dominé est inscrite dans la loi. Une des marques les plus révélatrices concerne l’interdiction des mariages au nom de la pureté de la race ou de l’appartenance. Nombre des militants de l’islam politique qui interviennent dans ce colloque sont algériens, ils savent que leur pays interdit les mariages entre musulmans et non musulmans. S’ils veulent lutter contre le racisme d’État, ils ont là un bel exemple, réel et non fantasmé.

Outre le manque de rigueur intellectuelle perceptible dès la dénomination des ateliers, ce colloque, véritable mise en scène de l’influence de l’extrême gauche islamiste et séparatiste, se déroule dans un contexte chargé : Robert Faurisson, figure emblématique du négationnisme et grand ami de Dieudonné fut maître de conférence à Lyon 2 et réussit à subvertir Lyon 3, considéré pendant un temps comme un repaire du négationnisme en France. A l’époque le refus des instances universitaires de prendre leurs responsabilités a déjà permis que, lors de soutenances de thèses, la falsification historique reçoive l’onction académique.

Or cette onction de l’Université est déterminante pour légitimer une parole, celui qui la porte et l’idéologie qui la sous-tend. Tarik ramadan, qui n’est pas un universitaire, s’est fait offrir une chaire à Oxford pour une seule raison : se présenter comme universitaire renforce sa crédibilité et le rend plus acceptable comme interlocuteur pour les pouvoirs publics. Le titre qu’il s’attribue est une imposture, mais puisqu’Oxford laisse faire et qu’à l’extérieur cela donne une fausse validité scientifique à des positionnements purement idéologiques, il aurait tort de s’en priver.

On ne peut que déplorer l’attitude de l’université Lyon 2, qui aurait pourtant dû apprendre de sa propre histoire et refuser que se tienne dans ses murs une manifestation politique extrémiste, travestie en communication scientifique. On ne peut que s’interroger sur la gouvernance de cette université, quand on sait qu’à la tête de cette manœuvre se trouve le vice-président en charge de l’égalité et de la vie citoyenne, Yannick Chevalier. On aimerait d’ailleurs entendre la présidente de Lyon 2, Nathalie Dompnier à ce sujet, cautionne t’elle ou non ce raout islamiste  ? Si non, aura-t-elle le courage de l’annuler  ? 

On ne peut que s’interroger sur le laxisme de la Préfecture et des instances universitaires qui laissent un fiché S intervenir à la tribune sans se poser la question du risque de trouble à l’ordre public. D’autant que côté préfecture, ce détail-là ne pouvait être ignoré.

Un autre scandale est la lecture de la communication de Jean-Louis Bianco. Peu en importe la teneur, le mal est déjà fait : sa présence dans le programme légitime son contenu et transforme une ribambelle d’haineux en interlocuteurs des pouvoirs publics. Elle reconnait ceux qui haïssent la France et met une claque à tous ceux qui défendent la laïcité. C’est d’autant plus impardonnable que l’homme est coutumier du fait. Sa vision extrêmement accommodante et purement juridique de la laïcité a provoqué la démission de l’Observatoire, des républicains authentiques que sont Jean Glavany, Françoise Laborde et Patrick Kessel. N’oublions pas non plus les attaques de l’Observatoire portées contre Elisabeth Badinter ou Manuel Valls. Quand un homme trahit la mission qui lui est confiée et est inlassablement reconduit dans ses fonctions, cela en dit long sur les véritables intentions du pouvoir qu’il sert. Si tel n’était cependant pas le cas, si pour Emmanuel Macron la laïcité signifie vraiment quelque chose, alors la sanction doit tomber. Rapidement et définitivement. Sinon, le jeu de mot sur Jean-Louis Bianco, Président de l’abattoir de la laïcité, prendra alors tout son sens.

Article paru dans le Figarovox le 27 septembre 2017