Pour son premier volet, Dossier tabou, diffusée ce mercredi 28 septembre 2016 sur M6, a choisi l’islam. En fait il sera surtout question d’islamisme dans cette émission. Le ton est donné d’emblée par le sous-titre qui accompagne la thématique choisie: «L’échec de la République».
Pour son premier numéro, Bernard de la Villardière a osé… osé montrer les arrière-boutiques pas très propres, pas très nettes d’un soi-disant Islam de France où l’on concocte le détricotage de la République, osé montrer que cet islam de France n’a en fait rien de français, car encore entièrement lié idéologiquement, culturellement et financièrement au monde arabo-musulman. Osé montrer le laxisme aveugle de la bien mal nommée puissance publique: un ministère de l’Intérieur incapable de recenser les mosquées de France, un maire englué dans des pratiques clientélistes et dans le déni, des élus brandissant l’argument du culturel pour mieux financer le cultuel…
Un déni qui favorise la montée de l’emprise de l’islamisme radical sur certains territoires
Tout ce que dénoncent sans relâche les lanceurs d’alerte trouvait ici une cinglante illustration. Il n’était pas question d’y stigmatiser les musulmans dont une récente étude a montré que la plupart d’entre eux étaient intégrés et acceptaient tout à fait les lois de la République, mais de montrer qu’à force de faire le lit aux islamistes, on leur donne un pouvoir d’influence et de prescription qui place des quartiers entiers sous leur coupe et leur permet d’ensemencer de plus en plus de têtes, sous l’œil complaisant de ceux qui devraient incarner, au contraire, les lois et idéaux de notre République.
Oui, il fallait oser faire cette enquête car, depuis quelque temps, tout se passe comme si les médias étaient anesthésiés sur la question de l’Islam, ou pour le moins gênés. Il suffit de voir avec quelle complaisance les chiffres inquiétants de l’étude de l’IFOP sur la situation des musulmans de France ont été exploités sous le doux titre «Un islam de France est possible…» alors qu’on y apprend que presque 28% des musulmans sont pour la charia.
Ce n’est pas si souvent que la télévision montre les tristes sires liés à l’islam le plus rigoriste sous leur vrai jour, ce n’est pas si souvent que l’on voit le salafisme, le wahhabisme avoir pignon sur rue, organiser des conférences où des imams antisémites, homophobes, sexistes défient la République en défendant le séparatisme culturel, le port du voile, la mort pour les homosexuels, la voie des armes, voire la pédophilie. Et ce, sous le regard même des pouvoirs publics. Cette réalité dérange, mais elle existe. Elle n’est pas représentative de tous les musulmans, mais c’est souvent elle qui s’affiche jusqu’en 4X3 dans nos villes de banlieue, c’est elle qui multiplie les manifestations, favorisant la visibilité du versant le plus radical et le plus obscurantiste de l’islam.
Ce n’est pas si souvent que l’on voit combien ces prétendus responsables communautaires savent utiliser la violence des caïds, souvent dealers, avec qui ils se partagent certains territoires. L’agression dont a été victime Bernard de la Villardière fait passer un message subliminal fort: Ici, c’est chez nous ; les maîtres, c’est nous ; L’espace public et la loi, c’est nous.
La mosquée davant laquelle se passe cette scène est tout simplement surnommée «Mosquée Daesh» par la population, qui réclame en vain sa fermeture. Le propriétaire des lieux, Dhaou Meskine, est un homme sulfureux. En 2006, lorsqu’il était secrétaire général du Conseil des imams de France, il a été interpellé avec seize autre personnes dans le cadre d’une enquête sur le financement du terrorisme islamiste.
Le clientélisme et ses ravages illustrés par l’exemple
Ce n’est pas si souvent que la télévision montre comment le clientélisme communautaire d’un maire, ici Stéphane Gatignon à Sevran, mène aux pires atteintes à la laïcité. Alors que dans cette ville, de nombreux gamins sont partis terminer leur jour en kamikase ou en soldat de l’Etat islamique en Syrie ou en Irak, la complaisance du maire va jusqu’à louer pour une somme dérisoire un terrain municipal pour héberger une école coranique sans agrément, qui accueille des enfants que leurs parents, radicaux, déscolarisent et où les filles sont voilées alors que ce ne sont que de jeunes enfants. Le maire de Bagnolet s’est fait épingler pour les mêmes raisons et ils ont des émules…
A cet égard, la capitale donne l’exemple. Le centre des cultures islamiques du XVIIIe arrondissement est considéré par les riverains comme une mosquée… A juste titre. On voit l’habileté des responsables communautaires à contourner la loi de 1905 pour mieux encaisser les deniers publics. Ainsi, sous couvert de subvention d’un lieu culturel, la mairie de Paris finance un lieu de culte. Si l’on épluchait la carte d’identité de nombreuses associations soi-disant culturelles subventionnées, on se rendrait compte que ce sont de faux papiers. Beaucoup d’entre elles sont parfaitement cultuelles. Et si le citoyen lambda n’y voit que du feu, les élus en revanche savent très bien en réalité de quoi il retourne. Pour avoir voulu tester la réalité du respect de la nature des différents espaces, laïques et sacrés dans le même lieu, le présentateur se fera expulser par le représentant de la mosquée de la partie pourtant officiellement laïque et publique.
Ce n’est pas si souvent que l’on donne la parole à Mohamed Louizi, ancien Frère musulman, ou Soufiane Zitouni, ancien professeur au Lycée Averroès de Lille qui témoignent, par leur vécu, de la progression de l’emprise des frères musulmans sur la communauté musulmane dans certains territoires, avec un seul objectif à la clé: l’islamisation de la France. Tous deux révèlent les véritables objectifs des structures auxquelles ils ont appartenu ; tous deux sont persécutés au quotidien et attaqués en justice pour avoir dénoncé le double langage des islamistes.
Enfin David Vallat, jihadiste repenti et auteur de Terreur de jeunesse, analyse le prêche d’un prédicateur intégriste et la façon dont il installe un discours de victimisation pour attiser la haine de ses jeunes auditeurs: logique de persécution décrivant la France comme raciste et anti musulmane, rejet de la société et exacerbation des particularismes religieux pour les amener à revendiquer un séparatisme absolu (même ses fenêtres ne doivent pas donner sur l’habitat d’un «mécréant»), hystérisation des interdits pour mieux les isoler et les vouer à l’exécration de ses voisins et à la haine de ses compatriotes. L’épisode est instructif et pour ceux qui ont eu à affronter ce type de prêcheurs et leurs adeptes, ces éléments de langage sont récurrents…
La violence des réactions de certains journaux face au reportage: une volonté de censure pour générer de l’autocensure alors que les langues se délient ?
La réaction face à un tel brûlot ne s’est pas fait attendre et le journal 20 minutes a immédiatement sorti un article pour indiquer dans un raccourci saisissant que cette émission avait «scandalisé» les téléspectateurs… Le procédé du pseudo-journaliste auteur de ce tract militant sous couvert d’«enquête journalistique» est un classique du genre. Il commence à mettre en scène des tweets produits par des dirigeants du FN: David Rachline, Florian Philipot, cite Marion Maréchal-le Pen… Le message: tous ceux qui ne conspuent pas l’émission sont des suppôts de l’extrême droite.
Des milliers de tweets de citoyens anonymes et pas du tout inféodés à l’extrême-droite, qui ont envahi les réseaux sociaux pour dire leur soulagement de voir reconnu ce qu’ils vivent au quotidien et témoigner du caractère emblématique des situations évoquées, il n’est pas fait mention. A croire que quand un hashtag explose tous les records, il ne peut être le fait que la mobilisation des militants frontistes…
Ensuite pour faire croire que l’enquête est exhaustive, d’autres tweets sont produits, très violents envers l’émission, émanant de personnes «anonymes», dont le journaliste ne prend jamais la peine de dire qui elles sont alors que certaines sont loin d’être anodines ou connues pour leur soutien à l’islamisme: C’est le cas de Madjid Messaoudène, inénarrable élu de St Denis qui pense que les descentes de policiers menées pour arrêter les terroristes des attentats de Paris réfugiés dans sa ville sont stigmatisantes et islamophobes. C’est la reproduction d’un tweet de Christophe Conte, journaliste aux Inrocks, chargé de tirer à vue sur les affreux réactionnaires que sont tous ceux qui refusent le politiquement correct pour assumer leur parole… Tweeter ce qui leur chante est tout à fait du droit de ces personnalités, en revanche présenter comme des lambdas des personnalités du microcosme parisiano-médiatique ou des militants soutenant les islamistes est une faute de la part du journaliste…
Celui-ci d’ailleurs ne s’en tient pas là: quand il parle de la contre-émission initiée à l’occasion par Sihame Assbague et Widad Kefti, présentées comme militantes anti-racistes, il oublie de dire que la première est organisatrice du fameux camp décolonial interdit aux blancs, est une des apologues du «racisme d’état», qui voit dans l’Etat d’urgence la marque non d’une réponse aux attentats mais de la détestation des musulmans et est proches du parti des indigènes de la République. Un parti raciste dont la porte-parole a écrit un livre dont le titre est à lui seul tout un programme: «les blancs, les juifs et nous». Elle y évoque ses allégeances: «J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’Islam» sa haine des juifs, de la «blanchité» ou de l’homosexualité et n’a jamais été désavouée par aucun militant de l’organisation, vu qu’elle ne fait qu’y diffuser l’idéologie de son mouvement. Quant à Widad Kefti, elle relaie complaisamment les initiatives de Sihame Assbague, dont elle est un des porte-voix. Elle aussi ne voit que par le biais de la race et de la domination de la «caste blanche».
Ces deux identitaires ne valent pas mieux que les personnalités de FN vilipendées plus haut et portent, elles aussi, un projet de société séparatiste, qui fait de l’appartenance ethnique et confessionnelle le cœur de l’identité des individus. Mais cela ne sera jamais dit par le «journaliste». En effet, pourquoi se soucier de mettre en contexte et de dire d’où parlent les personnes que l’on cite, quand on ne souhaite pas faire un travail d’enquêteur mais servir une cause sans l’assumer. Voilà pourquoi dans un cas on met l’appartenance FN en avant, cela permet de qualifier la personne pour mieux disqualifier sa parole et dans l’autre, on oublie la proximité avec le PIR et on passe sous silence le scandale du camp séparatiste et anti mixité raciale, car ne pas situer permet de crédibiliser. Et pour parfaire le tour de passe passe, on qualifie d’antiracistes, des militantes qui mettent l’appartenance ethnique au dessus de tout, ce qui est la définition même du racisme…
On ne s’étonnera pas également que Libération fasse un éditorial où c’est le journaliste qui devient une «caillera» qui élude la «complexité des problèmatiques», comme si la loi du plus fort n’était pas une réalité que dénoncent et subissent les habitants de banlieue et qui montre sa réalité ici. Comme s’il n’était pas «chaud» de s’aventurer dans certains quartiers quand on n’y appartient pas, que l’on soit ou non journaliste…
La dérive radical d’un certain islam qui est ici montré n’est pas une invention, elle gagne du terrain. Alors que le reportage parle avant tout de l’influence des islamistes, on le présente comme un reportage sur les musulmans pour mieux le clouer au pilori. L’amalgame n’était pas fait dans l’enquête, mais des critiques fortement idéologisés, elles, le réalisent, alimentant ce qu’elles croient dénoncer et créant un lien indissoluble entre islamistes et musulmans pour créer une censure et provoquer l’autocensure.
Ce qui fait tant peur à certains dans Dossier tabou n’est pas que le reportage soit mauvais, c’est la réalité de ce qu’il décrit et le fait que son succès et son retentissement montre qu’il est plus en phase avec l’expérience et le ressenti des Français que l’article manipulateur et peu déontologique de «20 minutes» et que le discours politique officiel… D’ici à ce que l’on accuse Bernard de la Villardière de faire le jeu de Front national, parce que quand le réel déplait, il faut déconsidéere celui qui le montre, il n’y a pas loin. Et si c’était plutôt le déni érigé en leçon de morale qui nourrissait la pourtant résistible ascension de l’extrême droite ?