« Les libertés publiques qui constituent notre socle républicain ne sont pas à vendre à la découpe. »

Marwan Muhammad, porte-parole des musulmans, pardon… des islamistes

Tribunes

Marwan Muhammad est un islamiste qui voudrait bien se faire passer pour un simple musulman, afin de faire oublier qu’il défend une idéologie totalitaire et régressive. Leader du Collectif Contre l’Islamophobie en France, il n’hésite pas à manipuler les chiffres qu’il diffuse pour entériner l’image d’une population musulmane victime d’une France raciste, ce afin de cultiver la haine de la France et de faire du refus de l’acceptation des principes et de l’idéal républicain la mesure du « bon » musulman. Nombre de vidéos où il s’exprime atteste de son appartenance à la mouvance islamiste et se dégager de cette image sulfureuse n’était pas simple. Grâce à l’article du Monde du 31 octobre 2016, le travail est entamé : en présentant Marwan Muhammad comme le porte-voix des musulmans et non comme le leader d’un collectif islamiste, c’est un véritable travail de propagande que le journal fait. Sans s’en douter ? 

Le Monde n’est certes plus un journal de référence. Mais de là à s’extraire de toute déontologie en matière de journalisme, il y a un pas… Qui a été franchi le 31 octobre 2016, quand dans un article fleuve occupant une pleine page, celui-ci présente Marwan Muhammad, président du Collectif Contre l’Islamophobie en France, comme le « porte-voix combatif des musulmans ».

Or Marwan Muhammad est un islamiste, proche des frères musulmans. Un ami de Tarik Ramadan, d’Al-Kanz, de Barakacity, du Parti des Indigènes de la république (PIR) et de l’UOIF. Un homme qui apprécie Rachid Abou Houdeyfa, le prédicateur qui pense que les enfants se transforment en chiens ou en porcs s’ils écoutent de la musique et que la femme qui sort sans voile ne doit pas se plaindre si elle se fait agresser. Un homme qui affectionne Abou Anas, autre prédicateur fondamentaliste qui pense que serrer la main d’un homme pour une femme s’apparente à de la fornication… On est bien là dans le petit monde obscurantiste et régressif de l’islamisme militant. Mais jamais cela n’est mentionné dans l’article. Au contraire Al-Kanz et l’association Barakacity sont présentés comme des figures de la sphère musulmane militante. Quant aux authentiques racistes du Parti des Indigènes de la République qui voient tout par le prisme de la race et de la domination – dont la porte-parole, Houria Bouteldja a écrit un livre « Les Blancs, les juifs et nous », dont le titre résume bien sa vision du monde – ils sont benoitement qualifiés de « courant décolonial ». Qu’en termes galants ces choses-là sont dites, mais à la fin c’est un peu comme si on présentait Marion Le Pen comme une figure du « centrisme engagé »…

Un article orienté

C’est ainsi que le camp ségrégationniste, auquel a participé le dirigeant du CCIF, organisé par le PIR, où les Blancs et couples mixtes étaient exclus, est appelé par Le Monde : « camp d’été décolonial réservé “aux personnes subissant le racisme d’Etat en contexte français”, excluant de facto les Blancs ». Jolie façon d’écrire puisque la journaliste fait comme si tout coulait de source : le camp n’est pas raciste, il est réservé à ceux qui subissent le racisme et par ricochet ne concerne pas les blancs puisque le Blanc est de par sa couleur un oppresseur… On assiste là à la reprise in extenso des éléments de langage chargés de désamorcer l’évident racisme du projet et la quête de pureté raciale qui s’exprimait derrière. D’ailleurs de cette dimension raciste il ne sera fait aucune analyse malgré le scandale que ce camp a suscité. Non, la participation à un tel camp est mise au même niveau que l’activité d’organisation de séminaires et la structuration des antennes régionales du mouvement… Un peu comme si dans un article sur l’Afrique du sud avant 1991, l’apartheid était vu comme une particularité locale au même titre que la production de vin…

Il faut dire que la journaliste en charge du papier ne brille pas par son objectivité. Un début de phrase comme : « Dans l’atmosphère enflammée qui entoure la présence musulmane en France… » n’aurait pas été désavouée par Marwan Muhammad, Amar Lasfar ou Tarik Ramadan, eux-mêmes. Le problème c’est que la réalité dit exactement l’inverse. Pendant que Marwan Muhammad et consorts entonnent la ritournelle de l’islamophobie d’Etat et de la France raciste, c’est plutôt la remarquable tenue du peuple français qu’il faut saluer malgré le sang versé sur son sol aux cris d’ « Allah Akbar  !  » depuis Charlie, l’Hypercasher, Paris, Saint Etienne du Rouvray et Nice. Autre phrase révélatrice du parti-pris de la journaliste : « Il ne faut pas compter sur lui pour demander aux musulmans de se couler bouche cousue dans une société qui les accueille si difficilement ». C’est faire fi du fait que la France était un pays où le taux de mariage mixte était l’un des plus élevés avant que les islamistes ne fassent du refus de l’intégration républicaine, la mesure de ce qu’est un « bon musulman » et ne bâtissent la conquête de leur communauté que sur le rejet du pays et de la société où ils vivent au nom d’un Islam rigide et prescripteur. C’est faire fi de tous les efforts accomplis pour aider l’Islam à se structurer, à bénéficier de lieux de culte ou d’une plus grande visibilité. Quoi que l’on pense de ces initiatives, elles affichaient au contraire une volonté de faire de la place à l’islam en France. Un souci que l’on n’a témoigné à aucune autre religion…

Passons également sur cette phrase de Monsieur Muhammad qui dit benoitement, pour se faire passer pour un homme ouvert : « Je ne condamne pas les choix des uns et des autres d’être homosexuels ou d’être polygames, ça ne m’intéresse pas ». La journaliste explique que cet amalgame était « plutôt douteux ». Là aussi on pourra admirer l’art de la litote. C’est oublier que la polygamie est interdite par la loi et est un délit, pas l’homosexualité. En les mettant sur le même plan, comme étant de l’ordre du choix individuel, c’est à la banalisation de la polygamie que l’on assiste ou à la criminalisation de l’homosexualité… Dans les deux cas l’amalgame n’est pas douteux, il est malsain et manipulateur. De surcroît, si on choisit d’être polygame, on ne choisit pas sa sexualité et ce n’est pas un hasard si le leader du CCIF fait semblant d’ignorer cette vérité.

Toute appliquée à son hagiographie, la journaliste a fort opportunément oublié quelques informations révélatrices dans son pourtant long papier. Par exemple que moins d’un mois après les attentats de Paris et l’intervention des policiers pour neutraliser les terroristes à St Denis, Marwan Muhammad, ses amis frères musulmans et du PIR n’avaient rien trouvé de mieux que d’organiser un grand meeting, à Saint-Denis, pour expliquer qu’ils n’étaient « ni Paris, ni Charlie mais perquisitionnables » selon le tweet à succès de leur mentor, Tarik Ramadan… Lors de ce meeting, l’accent n’était pas mis sur la réalité de la violence qui a ensanglanté les rues de Paris et montré à quel point à Saint-Denis, dans certains quartiers on ne vit plus sous les lois de la République. Au contraire, le but avoué était de mettre en accusation la France et son peuple, l’une caricaturée comme islamophobe et l’autre, comme intrinsèquement raciste.

Quand amalgamer islamistes et musulmans protège les islamistes

Pour Marwan Muhammad, il est important d’évacuer au plus vite la réalité des victimes de ces attentats, leur diversité et l’absurdité de ces exécutions. Le message qu’il veut imprimer est que les victimes de ces attentats ne sont pas des français, mais avant tout les musulmans dont la religion a été prise en otage. Or le problème c’est que les frères musulmans, wahhabites et autres islamistes dont il est l’ami et dont son collectif soutient les vues partagent l’idéologie de l’Etat islamique, sa vision du monde et ses objectifs. Il n’en est que plus important, à chaque attentat, d’évacuer la réalité de l’idéologie à l’œuvre, de faire croire qu’il n’y a aucun lien entre jihadistes et islamistes radicaux, qu’ils ne partagent pas le même objectif. Pour ces propagandistes, il s’agit alors de mettre la frontière entre jihadiste et islamiste, pour empêcher qu’elle ne soit mise entre islamistes et musulmans. Un tel brouillage est à l’avantage des islamistes car il leur permet de faire passer pour des signes musulmans, ce qui est de l’ordre du radicalisme et du fanatisme. C’est faire passer une poêlée d’amanites phalloïdes pour une poêlée de girolles parce que toutes deux sont des poêlées de champignons…

C’est là tout l’enjeu : évacuer la violence des revendications religieuses et politiques du totalitarisme islamiste dont les dégâts défont le monde, entraînant un cortège de violence, de misère et de régression intellectuelle, pour faire croire qu’une soi-disante « islamophobie » de l’occident serait à la base de tout. Voilà pourquoi le cœur de l’activité du CCIF vise à imposer le terme d’ « islamophobie » dans le débat public : en confondant le racisme envers des personnes avec le rejet d’une idéologie, le terme d’islamophobie vise à rendre impossible la critique de l’Islam et à rétablir de fait le délit de blasphème  ; mais surtout, il a vocation à amalgamer musulmans et islamistes puisque il est utilisé comme le cheval de Troie qui permet aux pires obscurantistes de revendiquer n’importe quoi, tout en muselant toute critique aussitôt assimilée à du racisme.

Or les journalistes de Charlie Hebdo ont été tués pour cause de blasphème et parce qu’accuser quelqu’un d’islamophobie, c’est lui accrocher une cible dans le dos. Les acteurs de l’islamisme décomplexé dont fait partie Marwan Muhammad ont largement contribué à semer cette haine et à nourrir les passages à l’acte, n’en déplaise à la journaliste du Monde…

Des statistiques manipulées

Cet activisme du CCIF pour mettre la question de l’islamophobie au cœur du débat public alors que depuis 2015 nous ramassons dans nos rues les corps des victimes de l’islamisme a conduit le Canard Enchaîné à dédier un article cinglant aux activités du CCIF et de son leader. Paru le 17 août 2016, cet article montre à quel point les activités du CCIF sont orientées.

Dans les instances internationales, le CCIF s’est spécialisé dans la mise en cause de la laïcité française et dans la dénonciation du « racisme institutionnel » de l’Etat français. Obsédé par son combat contre l’interdiction du voile à l’école, il n’hésite pas à assimiler cette loi à une volonté de criminaliser l’islam, comme si le refus d’accorder l’égalité en droit aux femmes et la revendication du sexisme étaient une attitude moralement acceptable dans une société évoluée.

Pour justifier ses attaques incessantes contre l’état français, le CCIF n’hésite pas à manipuler les chiffres et à truquer ses statistiques. C’est ainsi que pour justifier l’augmentation de l’ « islamophobie », il classe comme acte antimusulman, l’expulsion d’imams fanatiques et pro-jihad, l’intervention des policiers à Saint-Denis pour neutraliser les terroristes, la fermeture de mosquées salafistes… Il faut dire que pour le CCIF les perquisitions liées à l’état d’urgence, qui sont la conséquence des massacres commis sur notre territoire, se transforment dans leur communication en « raids brutaux » visant à humilier « les musulmans »…

Pour faire grossir ses statistiques, le CCIF a renoncé à faire usage de méthodes scientifiques et traçables. Les chiffres qu’il exhibe sont surtout signifiant par leur opacité, mais peu importe qu’ils soient fantaisistes puisqu’ils sont repris, sans discernement, au même titre que ceux émanant d’instituts sérieux acceptant le contrôle scientifique de leurs données et de leurs méthodes… Voilà pourquoi ces chiffres ne font pas s’étrangler que ses détracteurs du CCIF, contrairement à ce que qu’écrit la journaliste. Car attribuer les critiques à l’œuvre de « détracteurs », c’est laisser entendre que celles-ci seraient liées à l’opposition que suscite le CCIF, et non au danger qu’il y a à laisser un organisme de propagande manipuler ses résultats pour accréditer ses propres mensonges, manipuler une communauté et augmenter son pouvoir d’influence. Le tout pour servir des desseins que tout démocrate, républicain ou simplement humaniste a le devoir de combattre.

Cette tribune est également parue le 2 novembre 2016 dans le Figarovox