« Il faut refonder notre monde commun, lui donner un contenu. »

Elisabeth Guigou voilée à la mosquée : le coup de gueule de Céline pina

Tribunes

Elisabeth Guigou est candidate aux législatives dans la 6ème circonscription de Seine-Saint-Denis. Dans ces circonscriptions de banlieue, depuis longtemps, faire de la politique se résume à gérer des clientèles. Et ce, dans un département où l’ampleur des démissions collectives des élus de droite comme de gauche, a fait de ce territoire sinistré le laboratoire des stratégies d’influence des islamistes. Or la candidate du PS, fragilisée par l’émergence d’En marche, craint que son renouvellement ne soit pas assuré. Faute de parole politique forte et de projet réel, elle ne voit de salut que dans le clientélisme à outrance. Elle a donc besoin de donner des gages aux éléments les plus religieux de la communauté musulmane. Ceux qui transformeront peut-être une marque de soumission en manne électorale. Un geste fort valant mieux qu’un long discours, non contente de se rendre à la mosquée pour faire campagne, elle s’est voilée. Pour Henri IV, Paris valait bien une messe. Pour Elisabeth Guigou, le poste et les avantages de député de la Seine-Saint-Denis valent bien une mosquée et le mépris de l’égalité femmes/hommes.

Il faut dire qu’elle avait bien des choses à se faire pardonner: le fait d’avoir soutenu Manuel Valls à la primaire et salué sa vision de la laïcité est considéré comme rédhibitoire par la plupart des associations dites musulmanes de Seine-Saint-Denis, associations regroupées au sein de l’UAM 93, laquelle se distingue par une vision rigoriste de l’Islam, est en pointe dans la revendication d’une loi sur le blasphème, comme sur le combat contre la loi sur le voile à l’école. Il s’agit donc aujourd’hui, pour la candidate du PS, de faire oublier cette erreur de parcours et de donner des gages à une communauté, qui dans sa vision, ne saurait être que soumise au dogme, dont les femmes sont forcément voilées et que l’on n’approche qu’en compagnie de dignitaires religieux.

« Faute de parole politique forte et de projet réel, elle ne voit de salut que dans le clientélisme à outrance. »

Elisabeth Guigou est donc passé à Canossa. Espérant assurer sa réélection, elle a accepté, elle, élue de la République, de s’exhiber voilée, faisant ainsi non seulement la promotion d’un signe religieux, mais d’un signe qui va à l’encontre de tous nos principes et idéaux. Car le voile n’est pas un accessoire vestimentaire, il a une signification: il témoigne de l’infériorité de la femme par rapport à l’homme, de son impureté et de son impudicité fondamentale. Il est la marque du refus de l’égalité entre les femmes et les hommes et se faisant détruit à la base notre contrat social.

Il ne s’agit pas là d’un geste anodin que vient d’accomplir Mme Guigou, mais d’une trahison de ses devoirs de représentante de la Nation. Dans les pays où l’islam est religion d’état, il n’y a pas d’égalité de droits entre l’homme et la femme, quand la femme n’est pas réduite au rang d’éternelle mineure. Or, cette notion d’égalité des droits entre les êtres humains est une des bases de l’intégration à la cité dans notre pays. C’est la conséquence politique la plus concrète du refus du racisme et du sexisme qui est au cœur de notre constitution. Dans un contexte où l’idéologie islamiste s’appuie sur des traditions extérieures pour mieux s’attaquer aux piliers de notre contrat social et où le voile est utilisé comme une arme de destruction massive des principes fondateurs de notre monde commun, se travestir ainsi pour quelques voix est aussi pathétique qu’impardonnable.

Que pourra bien défendre Elisabeth Guigou à l’Assemblée nationale: une égalité dont elle ne fait guère de cas ? Des libertés qu’elle oublie de garantir quand cela ne sert pas ses appétits ? Un intérêt général qu’elle n’a visiblement guère de mal à sacrifier à ses intérêts personnels ? 

« Je repense à cette femme, obligée de se voiler à cause des pressions qu’elle subissait dans son quartier. »

Je repense à cette femme, obligée de se voiler à cause des pressions qu’elle subissait dans son quartier. Je m’étais permise de lui dire qu’elle n’aurait jamais dû le faire, qu’en France il y avait des lois, que les femmes étaient libres et leurs droits égaux à ceux des hommes. Elle m’avait alors répondu: «Il y a peut-être des lois, mais là où je vis, on fait surtout avec les réalités». Et quand je lui avais rétorqué que nos élus étaient là pour défendre, incarner et faire vivre ces lois, elle avait rigolé en me disant: «Tu sais quand est-ce qu’on les croise tes élus ? Quand ils viennent faire leur marché à la mosquée et pour l’Aïd. Bras dessus, bras dessous avec ceux-là mêmes qui nous mettent la pression, qui nous disent qu’être une bonne musulmane c’est être voilée. Leurs meilleurs copains, ce sont les barbus et dans le fond, la remise en cause de la dignité des femmes ne les dérange pas tant que ça.»

Elisabeth Guigou vient de me prouver que hélas, cette femme était peut-être plus lucide que moi. Qu’une élue de la république se laisse ainsi aller à un tel abaissement de sa fonction, qu’elle se permette de mettre une gifle aussi cinglante à toutes les femmes qui se battent pour leurs droits et leur dignité, qu’elle montre par ce geste à quel point elle réduit les Français de confession musulmane à un troupeau de bigots communautarisés ne mérite qu’une seule réponse: la porte. Sans remords ni regrets.

Tribune également publiée dans le Figarovox le 9 juin 2017