Nathalie Kosciusko Morizet a été agressée alors qu’elle faisait campagne à Paris. Insultée, ses tracts jetés à sa tête puis brutalisée, elle est tombée à la renverse et sa tête a touché le sol. Restée inanimée pendant quelques minutes, elle a été conduite à l’hôpital.
Si les politiques dans leur ensemble condamnent comme il se doit cette agression, sur les réseaux sociaux on assiste en revanche à des happenings sexistes parfaitement choquants. Cela va de ceux qui pensent que les femmes simulent (quand elles s’évanouissent bien sûr, je ne suis pas certaine qu’ils envisagent cette possibilités concernant celles qui passent par leurs bras) à ceux qui pensent que le pauvre type, auteur de l’agression a eu raison parce que leur frustration politique leur fait justifier tous les débordements, jusqu’à ceux dont la haine du système les amènent à se croire dédouané de toute obligation d’humanité envers leurs semblables.
Tous oublient au passage que la noblesse de la politique et l’enjeu de la civilisation, c’est de s’élever au dessus de la violence, du meurtre, de la terreur et de la contrainte comme mode d’exercice du pouvoir et mode de gestion des relations entre les hommes, pour travailler à construire une société, régie par le dialogue, le compromis, construite autour d’un état de droit dont les règles sont opposables, et où le pouvoir de la majorité inclut la protection de la minorité. Cette société n’évacue pas le conflit, ni les différences mais elle exige de la tenue et le respect de la dignité humaine. Elle exige une forme d’autocontrainte liée à des exigences morales supérieures et à un instinct de survie qui voit une solution dans la coopération et l’interdépendance entre les personnes, plutôt que dans l’écrasement d’autrui. C’est une des bases de la dynamique de l’Occident analysée par Norbert Elias.
D’ailleurs toute la philosophie des Lumières vise à dépasser le niveau pulsionnel, animal, de la domination pour atteindre la dimension véritablement politique du pouvoir, un idéal basé sur la raison et la capacité d’organiser les hommes autour de valeurs, d’idéaux et de projets partagés.
L’idéal du barbare peut être l’homme fruste, violent et sans limite, à l’intellect réduit à son cerveau reptilien, en revanche l’idéal du citoyen réclame hauteur de vue, empathie et tenue. Sans capacité à s’empêcher et à s’élever, c’est la bête humaine qui prend toute la place. Et elle a le visage de la bêtise et de la brutalité.
L’agression de NKM est une entrave à l’expression démocratique par la force, elle mérite d’être condamnée avec la plus extrême fermeté. Au delà de mon soutien évidemment plein et entier à NKM, je souhaite que nos institutions soient sans concessions avec l’agresseur et que celui-ci soit condamné avec la plus grande fermeté.. Le libre exercice de la démocratie ne peut exister si être en campagne expose à la violence physique et si ces transgressions, révélatrices de la montée en puissance de la violence dans les rapports humains au quotidien, sont traitées avec désinvolture.
Ce qui s’est passé aujourd’hui ne concerne pas que NKM, cela doit nous interpeller en tant que citoyens car nous sommes tous garants des exigences en terme de comportement et d’état d’esprit que la démocratie et la République réclament.