« Nous ne sommes pas condamnés à manger des briques parce que nos dirigeants vont dans le mur »

Quand la France prend conscience qu’elle passe de grande puissance à pays en développement.

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Nous nous prenions pour une grande puissance, nous sommes mis face à notre déclin. Le coronavirus montre que nous régressons et adoptons des méthodes de pays en développement. L’absence de l’Europe dans cette crise témoigne aussi de son échec retentissant. Au lieu d’une puissance qui nous permette de résister à l’ensauvagement du monde et au retour de la violence et de l’esprit de conquête, nos choix dogmatiques nous ont affaiblis et rendent impossibles toute coopération. Face au virus c’est chacun pour soi et l’Europe pour personne.
Demain, les pays qui vont se relever vite de cette crise sanitaire seront fortement industrialisés, donc capables de produire et de s’adapter. Nous non.
D’ailleurs est-on encore une puissance mondiale quand nous sommes toujours en pénurie de masque et de gel hydroalcoolique et incapable d’en fournir suffisamment alors que le problème est connu depuis le début de la crise ? 
D’ores et déjà nous exposons nos soignants, envoyés au front sans matériels adéquats et que l’on évite de tester ce qui fait prendre des risques à tout le monde. (https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/coronavirus-les-internes-reclament-un-confinement-total-et-un-depistage-massif-de-la-population-1584633535)
Par pénurie, nous sommes obligés de réserver les masques aux soignants qui sont en première ligne du danger, mais on force de petites gens, vendeuses, caissières, ouvriers, livreurs à travailler sans pouvoir leur assurer hygiène et sécurité (gels et masques au moins).
Enfin on ne nous traite pas en adulte. Bien sûr que s’il y avait assez de masques pour la population, cela changerait la donne. A partir d’un certain pourcentage de population masquée, le virus ne se répand plus. La Corée du sud nous l’a prouvé. Les masques FFP2 sont efficaces et les masques chirurgicaux aussi car si tout le monde est masqué, par définition en protégeant les autres on se protège aussi. La pénurie de masques comme de tests a fait que le confinement était la seule solution possible.
Le discours sur « les masques ne servent à rien » est faux et ridicule. Mieux vaudrait que le ministre et le ministère assument de lourdes erreurs, expliquent que comme on est en pénurie, il faut bien prioriser ceux à qui on les fournit. Pour les autres, le confinement, mode de gestion archaïque mais efficace dans des pays faibles fera l’affaire.
Sur la question des tests, il faudra aussi revenir. Non seulement ils sont en nombre insuffisant mais surtout la façon dont ils ont été utilisés pose problème. Notamment en terme d’inégalités sociales : on a testé des députés non symptomatiques mais pas le Français lambda, des personnes en contact avec une personne contaminée n’ont pas forcément toutes été testées comme si certains comptaient plus que d’autres. Cela a laissé l’idée qu’il y a les importants et les sacrifiables. Ce n’est pas acceptable.
Il faudra également regarder les disparités par région et les pourcentages de mortalité et remettre en cause des choix d’aménagement du territoire qui accentuent les inégalités entre personnes face à la santé donc à la mort. D’ores et déjà on peut les observer.
Peut-être l’occasion de revenir sur la commission d’enquête dirigée par Jean-Christophe Lagarde, qui suite à H1N1, avait attaqué les décisions de Roselyne Bachelot et a été très dur avec la prudence dont elle avait fait preuve. Suite à cela il a été décidé d’arrêter de faire des stocks et de compter sur la mondialisation heureuse. La possibilité d’une pandémie n’a pas été prise en compte. On voit le résultat aujourd’hui et on regrette le sens des responsabilités dont avait preuve la ministre d’alors et qu’elle a payé cher…
On le voit, dès la crise finie, il va falloir une enquête et elle devra être impitoyable. Aujourd’hui, si tant des nôtres vont mourir, ce sera de la conjonction d’un virus certes nouveau mais aussi de décisions politiques à courtes vues, toujours budgétaires, jamais stratégiques et d’un aveuglement coupable de ce gouvernement.
Non seulement cette crise nous a prouvé l’existence de lourdes carences dans l’organisation et la gestion des stocks prévus pour affronter les dangers quels qu’ils soient, mais elle nous dit surtout que par bêtise crasse et privilèges peu mérités, trop de nos politiques se sont installés dans un monde qu’ils ont jugé stable et prévisible, se comportant alors comme des héritiers gâtés jouissant d’une fortune qu’ils voient comme un dû et n’imaginant jamais que cela puisse changer.
Or la politique ce n’est pas de la gestion à flux tendu, c’est la mémoire que la condition humaine est fragile et que la base de ce qui nous unit est la conscience qu’ensemble et organisé, nous sommes plus fort. Le gestionnaire est là pour aller vers la rationalisation, le politique pour porter le poids du tragique et faire passer l’homme avant le bilan comptable. Quand le politique oublie cela, il devient inutile et nous aboutissons à la situation que nous connaissons.
Aujourd’hui ce gouvernement dont nous sommes affublés a failli, mais il va falloir pourtant affronter la vague avec. L’union sacrée nous la faisons entre nous, pour les soignants, pour nous tous. Pour ceux qui resteront debout et ceux qui tomberont, pour ceux qui sont au front et ceux qui se confinent. L’union sacrée c’est celle du peuple qui retient sa colère par empathie pour les blouses blanches qui les soignent et les policiers qui les protègent et les cols bleus qui assurent le ravitaillement. Le gouvernement, nous le supportons au sens premier du terme. La vague de l’épidémie arrive, l’heure n’est pas au pilori, mais l’envie y est.
Alors un dernier conseil Monsieur le Président et Messieurs les ministres, ne parlez qu’à bon escient et faites taire Muriel Pénicaud, sa leçon de morale infligée au BTP traitant in fine des patrons et des ouvriers de fainéants et d’irresponsables parce qu’ils arrêtent des chantiers faute de pouvoir faire travailler les gens dans des conditions décentes était inadmissible. Bref les Français ont compris que ce n’était pas le moment de cultiver des rêves où ils vous chassent à coups de fourche. En plein confinement, ce n’est pas bon de cultiver le ressentiment, mais au fur à mesure que la maladie frappera, si vous pouviez aider à ce que cet effort ne soit pas surhumain, nous apprécierions. Vraiment.