« Faire vivre le commun, donner corps aux valeurs universelles, c’est notre rôle à tous. »

Arnaud Beltrame est mort

Tribunes

Ce matin, quand nous nous sommes réveillés, nous avons tous cherché à savoir comment allait le courageux gendarme qui avait pris la place d’une otage. Et nous avons tous appris sa mort avec un terrible sentiment d’injustice et de révolte. Son courage nous avait donné à tous de l’honneur, sa mort nous ramène au trivial, à cette sordide réalité qui parfois frappe les bons alors qu’elle parait épargner les méchants. Un truisme certes, mais la banalité n’en est pas moins violente à vivre.

Pourquoi faut-il que meurent les héros ? Parce que ce sont des héros justement, parce qu’ils croient à des principes supérieurs à leurs intérêts personnels, parce qu’ils font vivre les idéaux qui les ont forgés, parce qu’ils incarnent ce qui nous dépasse, parce que la grandeur d’âme c’est parfois de ne pas abdiquer l’honneur d’être une cible.
La République, la démocratie, ce qui nous fait citoyen et compatriote, cette solidarité face aux morsures de l’existence, cette exigence d’élévation qui permet de voir en l’autre, un autre soi-même et non un loup, ont ce jour le beau visage d’Arnaud Beltrame.

Le sacrifice d’Arnaud Beltrame nous pose une question fondamentale. De celle que devrait se poser tout candidat à des fonctions électives : Pourquoi serions-nous prêt à mourir ? Question difficile s’il en est. Arnaud Beltrame y a répondu : pour nous, ses concitoyens, il a donné sa vie. Pour lui, le devoir avait un sens. Nous protéger au péril de sa vie était un engagement, pas une posture.

J’ai ce matin un terrible sentiment d’injustice. Aussi terrible qu’absurde. Nous savons tous qu’agir bien ne protège pas de la mort, que le panache est rarement récompensé et que le courage doit trouver en lui-même sa récompense. Nous le savons mais cela n’en reste pas moins insupportable. Alors, parfois on aimerait qu’au lieu d’être abonné au déni de nos représentants, nous puissions partager l’engagement d’un héros comme Arnaud Beltrame, et pas seulement à l’heure des funérailles.

Merci à Arnaud Beltrame, en incarnant l’esprit de la gendarmerie, il incarne l’ideal de la France. En se sacrifiant pour nous, il nous a rappelé ce qui nous lie les uns aux autres et fait de nous un peuple. S’incliner devant sa dépouille est notre devoir, faire vivre la République pour laquelle il a donné sa vie, le meilleur moyen de lui rendre hommage.