« Les libertés publiques qui constituent notre socle républicain ne sont pas à vendre à la découpe. »

Le piège de la condescendance

Tribunes

Je ne reconnais plus ma France et cela m’inquiète.

Un pays où le président de la République doit être évacué d’un théâtre parce qu’un militant d’extrême-gauche qui usurpe la qualité de journaliste dénonce sa présence sur les réseaux sociaux et suscite l’envahissement d’un théâtre, ce n’est pas acceptable.

Pas plus que ne le sont les menaces de mort récurrentes sur les militants laïques, les explosions des violences sur les personnes (1), les dégradations d’églises qui se multiplient (2), bref une violence qui se répand sans réponse efficace des institutions.

Le problème c’est que cette violence qui monte dans la société est largement liée aux échecs du gouvernement, à son refus d’incarner la loi et l’autorité au profit d’une vision managériale qui détruit l’existant pour ne promettre que la dégradation. Retraites, Santé, services publics, mais aussi protection des Français et de leur patrimoine culturel, humain et social tout est entre les mains débiles d’une poignée de gamins déconnectés du réel, incompétents et dépassés qui se comportent comme des satrapes orgueilleux.

Un part de la violence qui monte est liée à leur attitude : mépris social, mensonges et manipulations peuvent permettre de se sortir de certaines situations mais pas de s’inscrire dans la durée. Or c’est souvent sur le mépris de la lucidité du peuple que le pouvoir base aujourd’hui ses stratégies.

Cela a donné notamment une crise des gilets jaunes transformée en show de promotion du président et en tournée triomphale sans que les vrais problèmes n’aient jamais été abordés ni les leçons tirées. De cette épisode ne reste qu’un immense sentiment de trahison : la peur passée, Macron est immédiatement retourné à son mépris de classe et a oublié les problématiques très concrètes d’amenagement du territoire, d’accès aux soins, de retour de l’emploi et du commerce. Il a promis de l’argent sans se donner la peine d’être clair sur une vision ou des projets.

Résultat, face à la souffrance des cheminots, professeurs, soignants, l’exécutif nous rejoue la même partition. Tout mépris en avant. Avec son « vous patachonnez dans votre tête » balancé avec cette vulgarité et cette condescendance qui nuit à la majesté de sa fonction, le président montre qu’il n’a rien oublié ni rien appris. Et on attend maintenant la prochaine embrouille qu’il va essayer de sortir pour ne pas affronter les problèmes en face et essayer d’en faire un coup de communication à sa gloire. Le thème de la démocratie bafouée n’est pas mal trouvé mais il est en partie responsable de ce qui se passe, ce qui le rend illégitime pour se draper dans l’indignation.

Le problème c’est qu’à chaque fois qu’il se livre à ces manipulations et qu’il laisse libre cours à sa condescendance, il ne comprend pas qu’il ne fait pas qu’abimer sa propre parole et sa crédibilité, il détruit la légitimité et la garantie qu’apporte la parole publique, piétine la confiance et le lien entre le peuple et son dirigeant, abime les institutions et sa fonction.

Un des derniers épisodes de la violence qui commence à définir nos rapports sociaux est lié à l’envahissement des locaux de la CFDT, par des manifestants, dont certains portaient des brassards Sud et CGT. Était notamment présent un islamiste puissant chez Sud Rail, Anasse Kazib, qui a pris une part active à la manifestation du 10 novembre organisée par les frères musulmans et qui est un agitateur politique dont les intérêts ne sont pas ceux des travailleurs. L’islam politique s’intéresse en effet de près à ces mouvements… La haine sociale qui monte est vue comme un moteur pour installer aussi une violence utile à ceux qui veulent profiter des difficultés du pays pour le déstabiliser à leur profit. Le malheur appelle les vautours.

Mais Emmanuel Macron refuse de comprendre ce qui se joue, pactise avec les frères musulmans et préfèrent dénoncer les « laïcistes ». Une erreur qu’il paye au prix fort dans des convergences de lutte qui se dessinent et devraient effrayer tout le monde.

C’est ainsi que la haine se répand horizontalement, empêchant tout échange et tout débat au profit de la menace et de la violence, le tout à l’ombre de la mort qui recommence à rôder tandis que sortent de prisons les jihadistes qui préparaient des attentats et ceux qui reviennent de Syrie. Le tout sans que notre gouvernement ne sache comment aborder le problème. Le désordre et le danger montent et ce n’est pas réjouissant. Car avant qu’ils ne perturbent trop la vie des élites, ils auront abimés notre quotidien. Espérer du chaos, la chute de Macron, c’est oublier que c’est d’abord nous qui payerons l’addition.

Le président de la République devrait arrêter de jouer à « Moi ou le chaos » car nous sommes en train d’atteindre le stade « Moi et le chaos » où sa présence devient en elle-même facteur de désordre et son absence de vision politique et de lien avec la Nation, mise en danger de lui-même et d’autrui. Ce triste jeu en attendant est en train de tuer la démocratie.

(1) https://www.google.fr/amp/s/amp.lefigaro.fr/actualite-france/agressions-viols-tentatives-d-homicide-la-delinquance-a-explose-en-france-en-2019-20200117

(2) https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2019-02/profanation-vandalisme-attaques-eglises-france.html