« Nous ne défendons pas seulement un héritage, nous construisons un avenir. »

Qui veut faire l’ange, fait la bête

Tribunes

Le problème de ce gouvernement est cette volonté folle de communiquer sur des questions que les ministres ne comprennent pas, sans en mesurer les conséquences. L’exemple de ce tweet est fort instructif.

Manifestement Julien Denormandie croit ici défendre les musulmans, alors qu’il vient de servir la soupe aux islamistes et aux indigénistes et met en danger un grand intellectuel.

C’est une faillite morale alors que ce jeune ministre voulait se faire le héraut du Bien. Pourtant il eut suffit simplement d’aller aux sources ou encore de faire l’effort d’un peu de lecture, d’attention aux faits et aux acteurs en cause pour éviter de se faire le chevalier servant d’une sinistre cause. Quand Madjid Messaoudène, Taha Bouhafs ou Youcef Brakni montent aux créneau, on sait quelle est l’idéologie qui motive leurs interventions.

Il est quand même lamentable de devoir rappeler à des ministres que Henri Pena-Ruiz a raison : on a le droit d’être islamophobe, autrement dit de critiquer et de ne pas apprécier l’Islam. Il est fatigant de devoir répéter les mêmes choses à ces gens qui ,à force de se dire choqués, en viennent à vouloir rétablir le blasphème en croyant se bâtir une image de « personne respectueuse et estimable ». Ils ne font que donner des gages aux intégristes et montrer qu’ils ne comprennent même pas les combats qu’ils croient mener.

En France, le blasphème n’existe pas. Cela signifie que l’on peut se moquer du contenu de n’importe quelle religion. S’amuser avec l’image de Jesus, de Mahomet ou de Moïse ne vous voue pas aux gémonies et n’est pas condamnable par la loi. On peut donc être islamophobe comme cathophobe et dire pis que pendre de toutes les religions.
En revanche, ce qui est interdit c’est de menacer la vie ou l’intégrité physique de quelqu’un à raison de sa croyance.

Se moquer des religions, comme revendiquer ce droit au rejet, peut déranger un certain nombre de croyants sans doute mais ne pose aucun problème vis à vis de la loi ou de la morale. La liberté d’expression est supérieure à la susceptibilité du croyant. Et c’est très bien.

En revanche si quelqu’un appelle au meurtre ou à l’agression d’une personne parce qu’elle est musulmane ou chretienne ou juive, alors là il tombe sous le coup de la loi.

Faire ce type de distinction est essentiel en démocratie mais impossible en théocratie ou quand une religion est d’état.

Faire ce type de distinction, c’est savoir distinguer la peau de la chemise. Et à un certain niveau de responsabilités, être incapable d’opérer ce type de distinction fait de vous quelqu’un de manipulable et de contre-productif. Nul n’incarne sa religion et ne se résume à sa croyance. Empêcher la moquerie d’une croyance n’est pas une obligation religieuse, un jihad, encore moins le rôle d’un ministre dont la parole engage le gouvernement.

Un être civilisé peut croire ou ne pas croire mais n’exige pas le respect du contenu de ses croyances par ceux qui n’y croient pas, il n’a pas à être en croisade permanente.

Il serait bon que notre gouvernement élève un peu son niveau de réflexion sur ces questions-là pour éviter de se retrouver, dans le but de se faire bien voir de tout le monde, à défendre le retour de l’idée de blasphème et à propager la sémantique d’une idéologie qui hait la démocratie, la laïcité, l’égalité entre les hommes, la liberté d’expression et de conscience, bref tout ce qui fait notre civilisation et une part du génie de la France.

Etre au gouvernement et ne pas être conscient de cela est un vrai problème et n’est pas pour rien dans le rejet que les politiques ne cessent de déplorer tout en l’alimentant par leur inconséquence.