« Les libertés publiques qui constituent notre socle républicain ne sont pas à vendre à la découpe. »

Le selfie islamist friendly du Président Macron

Tribunes
Quand, suite aux bombardements qu’elle effectue en Syrie, un plan d’aide humanitaire de 50 millions est débloqué par la France et que l’on reçoit l’information grâce au selfie pris par le représentant de Syria Charity avec Emmanuel Macron, il y a pour le coup de quoi tomber de l’armoire.
En effet, Syria Charity appartient à cette nébuleuse du « Charity business islamiste », analysée entre autres par Mohamed Louizi. Celle-ci regroupe des associations ou des fondations controversées, dont on se demande si l’activisme caritatif affiché ne cacherait pas une activité de propagande, voire servirait également au financement de factions islamistes. L’islamisation est souvent le vrai but de ces organisations et l’Islam qu’ils défendent est bien le wahhabisme violent, haineux et obscurantiste, celui dont l’idéologie politico-religieuse nourrit tous les courants islamistes au-delà de la haine qu’ils se portent. Le fait n’est pas nouveau et le rôle de nombre d’ONG islamiques dans la réislamisation de l’Afrique est connu. Il faut relire l’analyse de Abdel-Rahaman Ghandour, Jihad Humanitaire, parue chez Flammarion en 2003. Plus récemment, vous vous souvenez de ce président d’association refusant de serrer la main de la ministre de l’éducation et résistant à condamner Daesch ? Et bien il présidait une association humanitaire islamiste, Baraka City. Dans le cas de Syria Charity, si l’humanitaire est mis en avant pour crédibiliser le discours, la réalité est bien plus trouble. Pas seulement parce que l’idéologie sous-jacente de leurs dirigeants réduit l’humanité à leur propre communauté confessionnelle, mais parce qu’ici l’humanitaire sert aussi la propagande politique et la puissance de l’organisation des frères musulmans.
Les discours de ces associations, pour être légales et maintenir la fiction humanitaire, sont censées aider tout le monde, en réalité il s’agit surtout d’aider des musulmans, (sous le faux prétexte que la compassion occidentale les aurait exclue de ses préoccupations). L’humanité pour ces associations se réduit à une confession.
Syria Charity ne fait pas exception. Cette antenne des frères musulmans ne cache pas son appartenance à la frérosphère et sous couvert d’information répand en général sa vision du monde. Ce sont des islamistes, tout simplement. De ceux qui partagent la même idéologie sur le fond que les jihadistes mais comptent plus sur la propagande que sur la terreur pour prendre le pouvoir et détruire nos libertés et nos solidarités. Et notre président leur fait un pont en or, s’affiche avec eux et pose pour des selfies. Le tout au nom du la concorde civile et bientôt peut- être d’un nouveau concordat ? 
Afficher des liens avec les frères musulmans, un choix incompréhensible
Car aujourd’hui la question se pose et s’impose de façon lancinante au vu de la facilité des frères musulmans à être dans les sphères du nouveau pouvoir : en effet, les liens de Syria Charity avec les frères musulmans étant connus et reconnus comment se fait-il que le Président de la République puisse ne pas être au courant ? Comme il ne peut l’ignorer, il faut bien que le choix ait été fait à dessein. Afficher ses liens avec les frères musulmans n’est pas anodin. Avec ce selfie, il nous les impose comme interlocuteurs légitimes de la France.
Au mieux parce qu’il croit que la seule manière de lutter contre les jihadistes, c’est de donner carte blanche aux islamistes dits modérés, qui partagent pourtant la même idéologie sur le fond. Ce qui équivaut à vouloir éteindre un feu en y jetant du bois mort. Au pire, parce qu’il considère que le combat est perdu et qu’il est temps de passer au multiculturalisme. Des droits différents selon sa race supposée ou sa confession, mais dans tous les cas une importante armée de réserve de gens infantilisés et soumis, peu à même de contester un pouvoir quel qu’il soit. Un rêve de technocrate : la masse entre les mains de la pensée magique et religieuse et une élite qui rationalise l’administration.
Et c’est ainsi que l’on prépare les esprits à accepter la part croissante de l’emprise religieuse sur notre société en leur faisant croire que c’est pour mieux lutter contre l’intégrisme. C’est invoquer le diable en espérant éviter l’enfer pour finir par être invité au banquet qui suivra. En figurant dans le menu en général.
On sacrifie au passage l’émancipation, la dignité de l’homme, la démocratie et la liberté. Mais cela ne faisait au fond que tourmenter cette pauvre bête humaine qui préfère l’encens et la myrrhe à l’exercice de la liberté et de la responsabilité. Il faut dire qu’à partir du moment où le progrès social n’est plus un objectif, autant rebaptiser spiritualité, le conditionnement dogmatique ; culture, le patriarcat ; tradition, la domination humiliante ; empowerment, la castration intellectuelle ; fidélité, la soumission et pour appliquer ce programme multiplier les lieux de culte et fermer les écoles. Ainsi chacun recevra selon ses besoins. Au peuple l’espoir pour l’au-delà, à l’élite, l’affranchissement de ces contraintes inutiles qui ne servent qu’à apaiser l’animal humain. Après tout, dans l’histoire, nous avons plus souvent eu droit à cette version-là du pouvoir qu’à la foi en la raison, l’éducation, la démocratie, l’élévation de l’homme, son égalité en droit et en dignité…
C’est comme cela que les apprentis Jupiter, au lieu de lancer des éclairs, deviennent les extincteurs des Lumières. Fiers d’exhiber leur tolérance et leur ouverture d’esprit, ils finissent par servir dans les faits l’obscurantisme le plus crasse et le dogmatisme le plus violent. L’aboutissement du genre, Justin Trudeau, décalque sémillant et canadien de notre petit Lord Fauntleroy élyséen, légitime chez lui le refus d’accorder l’égalité aux femmes et leur transformation en fantômes à la mode Daesch, au nom du respect des traditions et des cultures. On se demande si cette tolérance doit s’étendre à la pratique de l’esclavage ou au racisme mais il semble que non. Seule l’oppression des femmes au nom de l’Islam mérite d’être défendue par ceux censés être les garants de l’égalité des droits.
Et pour ceux qui s’en indigneraient au nom de l’humanisme et de l’universalité, il reste toujours le procès en racisme et l’ostracisme sociale. Et comme il est toujours plus efficace de faire faire son sale travail par des personnes que leur position politique place au coeur des systèmes, les alliés frères musulmans des pouvoirs en place s’appliquent à promouvoir des outils conceptuels pour aider certains élus à mieux trahir leur mission en donnant l’impression de servir leur devoir. Ils ont forgé un mot pour discréditer le combat des laïques et républicains trop encombrants : «l’islamophobie ». Ce mot qui permet de dénigrer les personnes en faisant l’économie de tout examen de fond des positions est un véritable viatique pour tout pouvoir et tout lobby.
Résultat : Quand le « vivre ensemble » est avant tout combattu par la radicalité, le séparatisme et la violence islamiste, on accuse les laïques de concourir à le briser. Quand l’exaltation de la foi et du fanatisme islamiste tue dans nos rues, jusque dans les supermarchés de la France profonde, on accuse les laïques d’être des fauteurs de trouble. C’est ainsi qu’au lieu de défendre le socle de nos principes, idéaux et libertés, le Président exalte une spiritualité qui n’existe que dans ses rêves. C’est ainsi que l’on prépare les esprits à faire accepter plus de religion en leur faisant croire que c’est pour mieux lutter contre l’intégrisme.
Un pouvoir cynique qui devient complice
Pendant ce temps, ce que l’on constate sur le terrain est le retour de la contrainte la plus dogmatique, de l’exaltation de la soumission la plus sordide et de la dévotion la plus aveugle. On est plus dans le joug pour les boeufs que dans la sublimation de l’esprit. Hélas ce pouvoir est imperméable au réel, il croit qu’il est protégé derrière le haut mur des Finzi Contini et a oublié la fin du film.
Evidemment, si notre gouvernement ne peut ignorer que Charia Publicity serait un nom plus éclairant que Syria Charity quant à la vraie nature de l’association qu’il honore de sa faveur, il sait en revanche que les citoyens occidentaux, eux, l’ignorent. Il sait aussi que les journalistes, en tout cas tous ceux qui ne vérifient pas leurs sources, font confiance à Syria Charity et aux Casques blancs et diffusent ainsi des informations peu fiables autant qu’invérifiables qui servent toujours les intérêts de factions islamistes à terme. Il sait aussi que mettre en avant l’humanitaire fait taire tout questionnement et ferme toutes les bouches. Recevoir des frères musulmans est un risque politique, en revanche mettre en avant une association humanitaire participe de la construction d’une image positive et bienveillante du politique.
Pour autant, le président de la République n’est pas dupe, juste duplice. Nul doute également que les conseillers formatés qui peuplent les palais de la République méprisent autant les frères musulmans que le peuple de France. En résumé, il ne s’agit pas ici d’adhésion idéologique, mais d’instrumentalisation. Puisque la religion semble être la demande des gueux et que cela coûte bien moins cher à satisfaire que les revendications sociales, le deal parait porteur. Et puis, en termes de fonctionnement, un lieu de culte coûte tellement moins cher qu’une école et satisfait tellement plus de monde. Quand la pensée magique submerge la raison et l’approche scientifique, cela n’est pas forcément mauvais pour les affaires ni le pouvoir. Même si cela est tragique pour le niveau de développement des pays et la prospérité de leurs habitants, il y a des chances pour que le haut de la pyramide lui n’en souffre guère.
D’autant que si la plèbe, les policiers et les militaires, certains journalistes sont visés par les terroristes islamistes – car ils incarnent d’une certaine façon ce que les islamistes haïssent dans la République : sens du devoir, liberté, liberté d’expression, exigence citoyenne, égalité au sein de la société, égalité femmes/hommes – ils ne s’en prennent pas tant que cela aux politiques. Peut-être parce qu’ils sont rares ceux qui ont des convictions républicaines et laïques. Il n’y a guère d’autres exemples que Manuel Valls. Il eût pu y avoir Mélenchon, s’il n’avait pas trahi ses convictions républicaines pour un plat de lentille islamo-gauchiste au moment du choix de ses partenaires et alliés. Sa crédibilité en la matière en a pris un coup.
Peut-être parce qu’à un certain niveau, les détenteurs du pouvoir politique sont protégés, donc difficiles d’accès. Ne symbolisant plus « ce que nous sommes » en tant que peuple, ils n’incarnent plus quelque chose qui les dépasse, n’apparaissent plus comme des figures du courage mais comme des masques de trahison. Ils participent à l’ensauvagement du monde par leur lâcheté plus qu’au sens de l’histoire et au réenchantement de la politique.
Un Président qui transfère la question du sens de l’action politique au religieux
Notre président n’a pas été avare de sa parole ces derniers temps, nous gratifiant de shows médiatiques assez narcissiques. Et on ne sait toujours pas où nous allons. Ivre de « Je », Emmanuel Macron met en scène sa puissance mais semble plus servir son orgueil qu’une vision d’un avenir collectif. Il n’a pas d’horizon, pas de chemin mais exige des sacrifices « parce qu’il le vaut bien ». Et comme il n’a pas investi la pensée politique, qu’il ne sait pas donner du sens à son action, il délègue la question du sens aux religions.
Dans la mesure où le progrès social n’est plus un objectif, il ne reste plus qu’à rendre supportable à l’homme sa condition. Et pour cela les religions ont fait leur preuve, surtout dans leur version la plus conformiste et la plus infantilisante. C’est faire offense à la spiritualité dont elles peuvent être les détentrices pour en faire un simple outil du conditionnement et du refoulement de l’humain, mais elles ont été si longtemps les complices de modèles sociaux étouffants et de pouvoirs autoritaires, que l’investissement parait judicieux. C’est ainsi que le pouvoir rebaptise spiritualité, le conditionnement dogmatique, culture, le patriarcat et rêve de multiplier les lieux de culte. Ainsi chacun recevra selon ses besoins. Au peuple l’espoir pour l’au-delà ; à l’élite, l’affranchissement de ces contraintes inutiles qui ne servent qu’à apaiser l’animal humain. Après tout, dans l’histoire, nous avons plus souvent eu droit à cette version-là du pouvoir qu’à la croyance en la raison, l’éducation, la démocratie, l’égale dignité de l’homme au-delà de ses croyances de son statut social, de son sexe, de sa couleur de peau…
C’est dire aussi si les instances religieuses devraient se méfier de l’actuel Président. Il ne s’intéresse au phénomène religieux pas parce qu’il serait porteur de spiritualité ou d’une autre lecture du monde, mais parce qu’il peut être réduit à un outil de coercition. En tout cas c’est le message qu’envoient son refus de réagir face à l’emprise des frères musulmans et les selfies qu’il laisse répandre dans la frèrosphère par le leader de Syria Charity. On est bien loin ici d’une quelconque transcendance intellectuelle et en pleine manipulation bassement politique.
Un Président qui affiche ainsi sa proximité avec les amis de Tariq et Hani Ramadan, d’Amar Lasfar, de Nabil Ennasri et qui légitime la mouvance des frères musulmans est un président qui malgré presque 250 morts sur le sol français n’a pas encore compris d’où venait le danger et de fait nous met collectivement en danger.
Mais qu’y pouvons-nous ? Il n’y a pas d’offre politique républicaine, pas d’opposition crédible. Les gens le sentent et savent aussi ce qui se profile derrière. Alors pour garder espoir, ils acceptent d’être des dupes. Mais pour que cette colère qui monte dans le pays puisse s’exprimer par la voie républicaine, il faudra créer vite un nouveau parti, tant ceux qui existent aujourd’hui refusent de prendre la mesure de ces périls que nous voyons tous monter, que ce soit à travers l’actualité, voire souvent jusque dans notre quotidien.